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CLIMAX BLUES BAND – A lot of bottle

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Formé en 1968 à Stafford (Angleterre), le Climax Blues Band, d’abord connu sous le nom de Climax Chicago Blues Band, est un des petits maîtres de la seconde vague du blues boom anglais des années 67-69. Après avoir réalisé deux albums en 1969 (un classique premier album éponyme et un « Plays on » assez novateur pour l’époque dans le genre blues rock), le groupe de Colin Cooper et Peter Haycock s’attaque à son troisième opus en 1970.

Comme « Plays on » a connu les faveurs du public américain avec une 197e place dans les charts US, le Climax Blues Band doit faire attention à ne pas décevoir. Revenir à une veine puriste Chicago blues pourrait être interprété comme une régression et s’aventurer encore plus dans le blues progressif risquerait de mettre un public encore assez traditionnel dans l’incompréhension. Nous sommes à cette époque en 1970 et c’est le moment où la musique rock subit de profondes transformations. Le psychédélisme et le rock progressif sont désormais les maîtres étalons de l’évolution et les formations qui veulent survivre ou se faire une place au soleil ont intérêt à ne pas être à court d’imagination.

Le Climax Blues Band va faire ici le choix du blues lourd, un compromis entre le blues classique et le hard rock qui commence à devenir incontournable en 1970, comme en témoignent les percées spectaculaires de Black Sabbath, Deep Purple, Uriah Heep, Free, Mountain ou Grand Funk Railroad. Peter Haycock (guitare), Colin Cooper (chant et saxophone), Arthur Wood (claviers), Anton Farmer (claviers), Derek Holt (basse) et George Newsome (batterie) retrouvent donc pour la troisième fois consécutive le producteur Chris Thomas et tout ce petit monde entre en studio pour préparer l’album.

Le disque est destiné à sortir sur le nouveau label Harvest, la filiale progressive mise en place par EMI. Le Climax Blues Band, étant lié par contrat à la société de production A.I.R. (dirigée par George Martin, célèbre producteur des Beatles), n’a pas le contrôle du label sur lequel il va se retrouver, celui-ci étant en fait choisi par la société A.I.R.. Aucune crainte à avoir, de toute façon, puisque le label Harvest effectue un excellent travail de diffusion de l’album, ce qui se solde tout de même par une absence de « A lot of bottle » dans les charts.

Ceci est bien injuste car ce troisième album du Climax Blues Band est tout simplement formidable. Démarrant avec le gentil instrumental « Country hat », il ne tarde pas à prendre une tangente heavy rock avec l’imposant « Every day » ou le massif « Seventh son », reprise thermonucléaire d’un titre de Willie Dixon. Le style du Climax Blues Band sur cet album pourrait être rapproché de celui des Néerlandais de Livin’ Blues (notamment leur excellent album « Rocking at the Tweed Mill » de 1972). Remarquons aussi le costaud et bas du front « Reap what I’ve sowed », avec son lourd jeu de basse et sa guitare slide vibrionnante. « Brief case » est tendu et rythmé, à l’instrumentation pleine de panache. « Alright blue » est un binaire jovial à l’harmonica bavard et hâbleur, tout comme « Please don’t help me ». « Morning noon and night » ruisselle de cuivres martiaux et « Lousiana blues » marque un tempo ralenti et vicieux. Vraiment, il n’y a rien à jeter dans cet album.

La réédition par Esoteric Recordings contient encore une fois son lot d’inédits. Ce sont des titres en concert, cette fois, qui proviennent d’enregistrements captés au Blow Up Club de Londres en 1970. On y retrouve d’excellentes versions de « Flight », « Seventh son » et « Reap what I’ve sowed », un régal.

Après « A lot of bottle », le Climax Blues Band va poursuivre une longue et prolifique carrière, avec des disques qui vont trouver un petit succès aux États-Unis : « Tighly knit » (1971), « Rich man » (1972), « Sense of direction » (1974), « Stamp album » (1975), « Gold plated » (1976), etc. En tout, le Climax Blues Band affichera 17 albums au compteur, changeant très souvent de personnel et survivant même au décès de son dernier membre fondateur Colin Cooper en 2008. Remercions Esoteric Recordings qui nous permet de retrouver ou de découvrir ce très bon groupe qui n’a pas eu tout à fait la chance qu’il méritait. Un must pour toutes les bonnes discothèques blues rock.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2375
Sortie: 2013/02/25 (réédition, original 1970)

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