SWINGIN’ UTTERS – Poorly formed
Petits artisans compétents et inventifs de la scène punk californienne depuis plus d’une vingtaine d’années, les Swingin’ Utters ont réussi à dessiner leur style propre au fil de la huitaine d’albums qu’ils ont sortis durant leur carrière.
Les choses commencent dès 1987 à Santa Cruz autour de Johnny Bonnel, qui se fait appeler Johnny Peebucks, en référence à l’adjonction des deux mots d’argot américain pour l’urine et l’argent. C’est sous le nom de Johnny Peebucks & The Swingin’ Utters que le groupe démarre ses activités, se soldant par un premier album du nom de « Scared » (1992). On trouve déjà à l’époque Greg McEntee (batterie) et Darius Koski (guitare), qui vont accompagner Johnny Bonnel dans l’aventure Swingin’ Utters.
Avec les albums « The Streets of San Francisco » (1995) et « A juvenile product of the working class » (1996), les Swingin’ Utters affûtent leur style, s’attirant les bonnes grâces du public et de la critique qui, s’ils ne voient dans ce groupe un pur génie, constatent quand même que la qualité est là, tirant un peu sur le street punk et le punk celtique, entre Green Day et les Pogues. Mais c’est surtout avec « Five lessons learned » (1998) et « Swingin’ Utters » (2000) que le groupe tient ses meilleurs albums, ceux où ses influences punk et celtiques se marient le mieux. Le premier est enregistré avec une pléthore d’invités en provenance de Social Distortion, NOFX ou Foo fighters et le deuxième atteint la 50e place des charts spécialisés.
Puis, après « Dead flowers, bottles, bluegrass and bones » (2003) et le live « Live in a dive » (2004), les Swingin’ Utters se mettent en veilleuse pour une durée de huit ans, le temps de se livrer à des projets musicaux personnels. Le groupe est remonté par Johnny Bonnel en 2011 et son retour se fait avec « Here, under protest ». On retrouve les fidèles Greg McEntee et Darius Koski, accompagnés d’un nouveau guitariste, Jack Darlymple (ex-One Man Army, Re-Volts ou US Bombs), et d’un nouveau bassiste, Spike Slawson (ex-Me First & The Gimme Gimmes, Filthy Thievin’ Bastards et Re-Volts). La formation affiche une inspiration renouvelée, qui se détache quelque peu de ses œuvres précédentes et qui montre un peu plus de maturité.
C’est ce qu’on retrouve aussi sur le tout nouveau « Poorly formed ». Spike Slawson est parti et a été remplacé par Miles Peck mais ce changement de personnel n’affecte en rien les bonnes intentions du groupe après sa reformation. « Poorly formed » présente quatorze titres de punk mélodique, parfois countrysant mais pas trop, souvent portés par une énergie sympathique et réduits à leur plus simple expression (deux minutes en moyenne). On n’a donc pas le temps de s’appesantir ou de sombrer dans des méandres d’où on risquerait de ne pas sortir et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Swingin’ Utters font partie de ces groupes qui ont réussi leur reformation. À l’heure où certaines formations bubble punk millionnaires viennent étouffer leurs auditeurs sous des triples albums aussi prétentieux qu’imbuvables, l’exemple des Swingin’ Utters devrait être enseigné comme parangon de combat honnête et intègre pour la cause du punk.
Pays: US
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Sortie: 2013/03/15