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TIPPETT, Keith GROUP (The) – You Are Here… I Am There

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Né à Bristol en 1947, Keith Graham Tippetts s’intéresse très tôt au Jazz. Dès l’âge de vingt ans, il s’installe à Londres avec l’ambition d’y faire carrière. Les nombreux clubs de la capitale et l’optimisme ambiant construit sur le dynamisme stupéfiant des scènes Jazz et Rock lui permettent de rencontrer d’autres génies en herbe, de se produire et de se faire connaître. En 1968, il fonde son propre sextet avec Elton Dean, Mark Charig et Nick Evans comme éléments stables, tous sont nés entre 1944 et 1947. Les échos favorables, le soutien d’artistes reconnus et un passage réussi à la radio leur offrent la possibilité d’entrer en studio. Malheureusement, les difficultés de leur manager, producteur et découvreur de talents, Georgio Gomelsky, retardent de plus d’une année la sortie de l’album enregistré. Sans ce moteur, le groupe peine à subsister et ses membres se dispersent dans d’autres projets tout aussi novateurs. C’est ainsi que les trois souffleurs travaillent simultanément avec Soft Machine, le bassiste rejoint définitivement Nucleus et le batteur retrouve ses sessions.

Enregistré en 1968, « You Are Here… I Am There » semble déjà décalé à sa sortie en 1970. Durant ce laps de temps, le Jazz et le Rock ont continué d’évoluer, de s’ouvrir, de se transformer et même parfois de fusionner, certes avec plus ou moins de bonheur, mais à pas de géants.

Dans ce grand laboratoire, le Keith Tippett Group reste profondément marqué par le Jazz. Si cet état de fait tient probablement à la situation de son leader, Jazzman dans l’âme et compositeur unique du répertoire, il tient aussi à la jeunesse de ses membres originaux, encore relativement sages dans l’expérimentation et loin d’avoir développé tout leur potentiel. Il suffit de les écouter par la suite pour s’en convaincre.

Dans cet ensemble plus cadré que nombre de projets de l’époque, Keith Tippett apparaît comme le patron idéal. Brillant et intense dans ses interventions, il s’épanche peu en solo et se met sans réserve au service de ses partenaires. En fait, le focus est clairement mis sur les trois souffleurs. S’ils remplissent l’espace, ils ne le font pas qu’en section strictement organisée, mais échangent, croisent le fer, s’échappent à tour de rôle et rappellent, modestement encore, que les temps sont à l’aventure et à la déstructuration. À ce jeu, le saxophoniste fait autant preuve d’audace que d’aisance. La basse et la batterie offrent un soutien sans faille. Arrivé peu de temps avant l’enregistrement et vite parti, Jeff Clyne est impérial de bout en bout, toujours très actif tant à la contrebasse qu’il manie parfois avec l’archet qu’à la basse électrique où il assume alors clairement son entrée dans un autre monde, celui d’un vrai Jazz-Rock anglais.

Les deux premiers titres pourraient être classifiés de Jazz Progressif. Chacun s’y exprime, avec audace parfois, mais dans l’ordre. Bâti sur un socle rythmique bien clair, « I Wish There Was a Nowhere » permet un vrai développement et s’avère au final une vraie réussite.

La relative brièveté des plages qui leur succèdent et leurs différences de style créent une dynamique positive. Le sommet de l’album s’intitule « Stately Dance for Miss Primm ». Chaque soliste y est mis en valeur grâce à un soutien magistral du bassiste. Parmi les autres réussites, on citera « Thank You for the Smile (To Wendy and Roger) » et « View from Battery Point (To John and Pete) », dominés par les cuivres.

En conclusion, cette réédition bienvenue remet en lumière des acteurs souvent cités mais en définitive mal connus du Jazz anglais des années soixante.

Les titres (46’25) :

  1. This Evening Was Like Last Year (To Sarah) (9’05)
  2. I Wish There Was a Nowhere (14’05)
  3. Thank You for the Smile (To Wendy and Roger) (2’03)
  4. Three Minutes from an Afternoon in July (to Nick) (4’12)
  5. View from Battery Point (To John and Pete) (2’01)
  6. Violence (4’03)
  7. Stately Dance for Miss Primm (6’52)
  8. This Evenning Was Like Last Year (Short Version) (4’04)

Les interprètes :

  • Keith Tippett : Pianos électrique & acoustique, Compositions
  • Elton Dean : Saxophone alto
  • Mark Charig : Cornet à pistons
  • Nick Evans : Trombone
  • Jeff Clyne : Basse & Contrebasse
  • Alan Jackson : Batterie & Glockenspiel

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2366
Sortie: 2013/01/28 (réédition, original 1970)

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