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SPRIGUNS – Revel weird and wild

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Sortir des albums de folk en 1976, c’est-à-dire au moment même de l’explosion punk rock, était assez courageux, voire inconscient. C’est pourtant ce qu’a fait Spriguns, sans doute plus concerné par le souci de vivre sa passion du folk plutôt que de saisir le train opportuniste du punk.

Les origines de ce groupe remontent à 1972 dans la ville universitaire de Cambridge, où Mandy Morton et son mari Mike Morton jouent dans un club appelé l’Anchor Folk Club. Ils interprètent des chansons traditionnelles du répertoire folk, des chansons enfantines héritées de la littérature du 19e siècle et quelques-unes de leurs compositions personnelles. Ils s’appellent à l’époque les Spriguns Of Tolgus, en référence au sprigun (ou spriggan), vilaine petite créature agressive des légendes des Cornouailles, où se situe précisément Tolgus, une ville abritant une des dernières mines d’étain de la région.

Les Spriguns Of Tolgus s’enrichissent de Rick Thomas (violon, mandoline, guitare et cornemuse) et Chris Russon (guitare lead et mandoline) au fur et à mesure que leur réputation grandit autour de Cambridge. Le quatuor enregistre en 1974 une première cassette intitulée « Rowdy dowdy day », destinée à être vendue à la sortie des concerts. Un professionnel de la musique de Leicester fait l’acquisition d’une de ces cassettes et encourage le groupe à enregistrer un album dans un format plus ambitieux.

« Jack with a feather » sort en 1975 sur le petit label Alida Star Cottage. Les Spriguns Of Tolgus y reprennent notamment une chanson écrite par Tim Hart, connu pour avoir fondé le fameux groupe Steeleye Span, une des figures du folk électrique anglais. Celui-ci écoute ce premier album et conseille aux Spriguns Of Tolgus de démarcher les gros labels afin de décrocher un meilleur contrat discographique. C’est Decca qui répond favorablement au groupe et leur fait signer un contrat en 1975, moyennant le raccourcissement de leur nom en Spriguns. Autre nouveauté, le remplacement de Rick Thomas et Chris Russon par Tom Ling (violon), Dick Powell (guitare et claviers) et Chris Woodcock (batterie). Mandy Morton chante et joue de la guitare douze cordes tandis que Mike Morton tient la basse.

Le premier album des Spriguns, « Revel weird and wild », sort en 1976 et est produit par Tim Hart. L’album est enregistré au Studio 4 de Decca à Londres et fait intervenir un invité qui mènera plus tard une brillante carrière de musicien de session, BJ Cole (par ailleurs membre de Cochise). « Revel weird and wild » représente une certaine idée de la pureté en matière de folk et l’authenticité de ses chansons est un must pour tous les amateurs du genre. La subtilité de la production de Tim Hart aboutit à donner à l’ensemble un grain sonore tout en finesse et en clarté, avec la belle voix de Mandy Morton en survol. On remarque notamment « Laily worm » (qui vient en droite ligne de la première cassette des Spriguns Of Tolgus), « Sir Colvin » et sa ligne de piano délicate, « Outlandish knight » (inspiré de la chanson enfantine classique « Lady Isabel and the elf knight ») ou « Lord Lovell », également inspirée d’une chanson du répertoire traditionnel anglais.

Là où les choses se gâtent, c’est au niveau des performances commerciales de l’album. La galette voit le jour en plein milieu de 1976, au moment où les Ramones viennent de sortir leur premier album et qu’AC/DC est venu ravager les clubs anglais lors de sa première tournée européenne. L’esprit des kids est occupé ailleurs et le folk rock entre dans une phase de récession intense. Le premier LP des Spriguns passe complètement inaperçu et le single « Nothing else to do/Lord Lovell » ne parvient pas non plus à attirer l’attention. Ceux qui ont acheté cet album à l’époque, l’ont écouté une fois et l’ont rangé dans leur discothèque peuvent le ressortir aujourd’hui en espérant en tirer un prix de 250 £.

Peu découragés par cette première tentative d’incursion dans le monde des grands, les Spriguns repartent à l’assaut avec leur autre album pour Decca, « Time will pass » (1977). Mais cette suite est pour la prochaine chronique.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2364
Sortie: 2013/01/28 (réédition, original 1976)

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