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LCDK – Karl – Life in little bits

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Derrière ces quatre lettres se cache un trio que l’on peut aussi appeler Les Comptes De Korsakoff. En provenance des Alpes du Nord, LCDK est fondé en 2010 par Geoffrey Grangé (chant et basse) et Quentin Lavy (batterie). Lorsqu’il est rejoint peu de temps après par la violoncelliste Marie-Claude Condamin, LCDK se met à l’écriture de son premier album.

« Le coupe-gorge » est un vinyle autoproduit de cinq titres qui raconte une histoire inspirée d’une affaire criminelle, dite de l’auberge rouge, qui fut une des grandes sensations judiciaires du 19e siècle et qui inspira le film « L’auberge rouge » (1951), comédie avec Fernandel et Françoise Rosay. LCDK marque déjà une préférence affirmée pour les histoires racontées au fil d’un album complet.

C’est le même concept que l’on retrouve avec « Karl – Life in little bits », qui raconte l’histoire d’un homme atteint du syndrome de Korsakoff. Ce trouble neurologique qui frappe principalement les alcooliques atteints de malnutrition amène les malades à perdre la mémoire et à inventer en contrepartie des événements qui ne leur sont jamais arrivés. Karl est donc un de ces malades, dont les bribes de vie sont racontées au cours des sept morceaux constituant l’album.

Le concept du disque est déjà peu banal et la musique étrange et décalée, inquiétante et variée, vient ajouter une incontestable plus-value à ce « Karl » qui entraîne l’auditeur aux confins de la folie et de la dépression. Les trois musiciens de LCDK affichent des influences assumées, entre Primus, Mr Bungle, Oxbow et Tom Waits. Le chant de Geoffrey Grangé a des petites intonations sautillantes et excitées, entre Jello Biafra et Chris Milne (chanteur du mythique groupe hardcore Mucky Pup). Les structures musicales s’ébattent entre noise rock malsain, post-rock désabusé et jazz expérimental faisant intervenir des moments parlés ou rappés, autorisant des vocalises insensées de la part de Geoffrey Grangé.

Au fur et à mesure que l’on pénètre dans l’album, on s’enfonce avec Karl dans des délires angoissés, soulignés par le violoncelle inquiétant et versatile de Marie-Claude Condamin. La pochette blafarde de l’album vient renforcer cette impression de malaise. Les élucubrations de Karl prennent à la gorge, gênent la respiration, empêchent de tourner en rond. Il règne une ambiance tirée des bas-fonds dans lesquels se sont vautrés les héros des romans de Dostoïevski, Gogol ou Maxime Gorki. Tant musicalement que par le concept, cet album de LCDK est une belle œuvre, bien maîtrisée techniquement et porteuse de symboles. On se pose la question de la vérité, du vrai et du faux, on remet en doute les certitudes car au fond, quel est pour l’individu la définition de ce qui est vrai ? On passe toujours par des prismes personnels pour identifier la vérité, ce qui aboutit toujours à la déformer. Mais assez de philosophie pour aujourd’hui, découvrez LCDK, c’est du lourd, c’est du grand.

Pays: FR
Juste Une Trace
Sortie: 2013/03/15

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