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SAVOY BROWN – Train to nowhere

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Savoy Brown est une des figures tutélaires du blues anglais, dont il illustre la seconde vague qui se développa entre 1967 et 1969, succédant à la première vague des années 1962-65. La première vague, c’était les Rolling Stones, les Yardbirds, Alexis Korner, Graham Bond ou John Mayall. La seconde, ce sont tous les petits spadassins qui sont d’ailleurs passés entre les mains formatrices de Graham Bond, John Mayall ou Alexis Korner : Free, Cream, Fleetwood Mac, les Groundhogs, Chicken Shack et Savoy Brown.

L’histoire de Savoy Brown est presque aussi longue que la Bible, la Bible étant simplement un peu plus courte. Tout commence vers 1965 à Londres, autour de Kim Simmonds, guitariste qui est, a été et sera à jamais le fondateur et l’élément permanent d’un groupe qui affiche maintenant 47 ans d’existence. Inutile de dire que le personnel qui va se succéder durant toutes ces années dans les rangs de Savoy Brown se chiffre en dizaines et que la reconstitution des allers et venues des multiples musiciens dans le groupe de Kim Simmonds est à peu près aussi complexe que le comptage des femmes étant passées dans le lit de Lemmy. Quelques noms cependant sont à retenir. Roger Earl (batterie), Dave Peverett (guitare), et Chris Youlden (chant) font partie de l’équipe qui enregistre « Getting to the point » en 1968 et les deux premiers iront fonder Foghat tandis que le troisième part tenter une carrière solo après la réalisation de l’album « Raw sienna » en 1970. On se souvient aussi du passage de Paul Raymond aux claviers au début des années 70, avant qu’il ne parte jouer dans Chicken Shack puis plus tard dans le Michael Schenker Group et UFO. Le bassiste Andy Pyle ira jouer dans Juicy Lucy et le chanteur Dave Walker fera un passage chez Fleetwood Mac.

Du point de vue discographique, on est aussi dans l’immensité avec une trentaine d’albums renouvelant sans cesse la fameuse recette du blues et du rock, parfois dans une optique bien lourde et énergique. Outre « Shake down » (1967) et « Getting to the point » (1968), les premières œuvres orientées blues, on peut se tourner sans déception aucune vers les disques des années 70, quand Savoy Brown officiait chez Decca : « Blue matter » (1969), « A step further » (1969), « Raw sienna » (1970), « Looking in » (1970), « Street corner talking » (1971), « Hellbound train » (1972), « Lion’s share » (1973), « Jack the toad » (1973) et « Boogie brothers » (1974) ».

Le disque « Train to nowhere » que sort précisément le label Blues Boulevard se situe à la charnière des années 70 et 80, puisqu’il propose deux CD qui sont en fait la réédition de deux albums sortis en 1981 : « Greatest hits live in concert » et « Rock ‘n’ roll warrior ». À cette époque, Savoy Brown termine un contrat avec le label London (les albums « Wire fire », « Skin ‘n’ bone » et « Savage return » sont sortis en 1975, 1976 et 1978) et oriente de plus en plus ses activités vers les États-Unis, où Kim Simmonds finit par s’installer.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le choix de Blues Boulevard a été judicieux puisqu’il permet de redécouvrir le Savoy Brown des années 80 et de se rendre compte que le groupe n’avait rien perdu de sa superbe. Dans un registre associant blues et hard rock, Kim Simmonds et ses sbires troussent un excellent album live et un disque studio du meilleur aloi. Ce concert de 1981 dégouline de sueur, tapisse les murs d’une énergie rageuse et permet des performances techniques qui rendent fous. La basse de John Humphrey qui lance « Hellbound train » est magnifique, de même que le solo de guitare, complètement renversant. Savoy Brown reprend également un classique de la Motown avec « I can’t get next to you » et répand des vagues de satisfaction électrique avec les énormes « Tell Mama » (près de 15 minutes de délires guitaristes !) et « The boogie », final qui ne laisse personne encore debout dans la salle.

Le CD studio est donc la reproduction de « Rock ‘n’ roll warriors », album de 1981 qui commençait à se faire rare, raison suffisante pour accueillir cette réédition avec enthousiasme. Kim Simmonds a engagé ici l’ex-chanteur du Joe Perry Project, Ralph Morman. Cette accointance avec le projet solo du guitariste d’Aerosmith au début des années 80 annonce une couleur hard rock mâtinée de boogie, ce qui a toutes les vertus pour satisfaire les honnêtes gens. De petites senteurs de Rose Tattoo viennent parfumer l’air sur « Bad breaks » tandis que « Don’t tell me I told you » est un binaire bondissant digne de Chuck Berry. Signalons la présence sur cette version d’un titre qui ne figurait pas sur l’édition européenne de l’album original mais qui était sur le pressage américain : « Lay back in the arms of someone », qui est plus douillet et country que le reste de l’album et qui convient davantage au public américain. À part cette petite perte de rythme, il n’y a rien à reprocher au reste du disque, qui relance l’offensive avec « Shot down by love », « Bad girls », « Got love if you want it » ou « Nobody’s perfect ». La ballade « Run to me », morceau gentil de l’édition originale européenne, arrive en toute fin de CD et est oubliable, comme son équivalent américain.

Mais on retiendra bien évidemment les morceaux bien énervés de ce « Rock ‘n’ roll warriors » qui, associés à l’album live de 1981, constituent un excellent moyen de découvrir Savoy Brown pour les novices, de se remémorer le groupe dans les années 80 pour ceux qui connaissaient ses œuvres des années 70 et de passer un excellent moment au service du bon blues rock, du boogie fumant et d’un rock ‘n’ roll bien trempé, simple mais toujours efficace.

Pays: GB
Blues Boulevard 250340
Sortie: 2013/02/18

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