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VARIOUS ARTISTS – The devil and the blues

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Le label Blues Boulevard vient nous poser un beau sujet de philosophie musicale avec cette compilation basée sur un thème simple mais ô combien vaste : le diable dans le blues. Satan, Lucifer, le Malin, Méphistophélès, la Bête, David Guetta, appelez-le comme vous voulez, le diable occupe une présence non négligeable, pour ne pas dire cruciale, dans le blues. De Robert Johnson et son « Me and the devil blues » de 1936 jusqu’aux plus récentes chansons de Rob Tognoni, tous les bluesmen dignes de ce nom ont évoqué le démon et tous les croche-pieds qu’il peut faire à cette humanité naïve et crédule qui constitue son terrain de chasse privilégié.

La représentation la plus frappante dans les images qui peuplent la légende du blues, c’est ce fameux carrefour de routes où le curieux désireux de trouver fortune et gloire n’a qu’à se présenter peu après minuit. Il y rencontrera un mystérieux individu vêtu de noir qui lui offrira puissance et richesse en échange d’une petite signature au bas d’un parchemin jauni. On dit même que Robert Johnson a été une de ces âmes perdues en échange de la renommée éternelle et le fait qu’il soit mort à 27 ans, l’âge mythique des légendes du rock mortes au champ d’honneur, est une coïncidence troublante.

Et pour évoquer ce vaste sujet, Blues Boulevard a réuni ici une vingtaine de morceaux qui retracent l’histoire du blues et son approche sulfureuse de la question infernale. Toutes les huiles de la profession ont été convoquées pour cet exercice qui va s’avérer hautement sympathique. Dans une logique antichronologique défilent devant nous les meilleurs bluesmen de tous les temps, avec un départ en fanfare virile signé Rob Tognoni et un final avec les légendes que sont Skip James, John Lee Hooker et bien sûr Robert Johnson.

Je ne vais pas vous faire un panégyrique détaillé de l’ensemble, mais les noms de Canned Heat, Elvin Bishop, Savoy Brown, Otis Spann, Screamin’ Jay Hawkins, Sonny Boy Williamson, Jimmy Reed, Washboard Sam, Lightnin’ Hopkins, Skip James, John Lee Hooker, Sonny Terry ou bien sûr Robert Johnson sont des cartes de visite aussi mythiques que fabuleuses qui viennent vous parler du diable et de tout ce qu’il peut incarner dans le monde du blues : l’alcool, les femmes, le désespoir, la misère, la pauvreté. Tous les titres contiennent le mot « devil », « demon » ou « hell », histoire de bien enfoncer le clou et de vous faire découvrir ou redécouvrir les liens étroits existant entre blues et diable.

Longtemps dénoncé comme la musique du diable à ses débuts, le blues a acquis au fil du temps une respectabilité inattaquable. Peut-être a-t-il réussi à refiler le parchemin jauni avec sa signature à sa descendance rock et métal qui aime aussi se vautrer dans la diablerie, pour le plus grand plaisir de nos oreilles qui ne sont pas dupes pour autant. Et pour en revenir à cette compilation Blues Boulevard, vous aurez compris qu’il faut se précipiter dessus avant même d’avoir fini de lire cette chronique.

Pays: US
Blues Boulevard 250342
Sortie: 2013/02/18

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