CAPSULE – Chronisch
L’électro expérimental n’est pas vraiment le genre de musique qu’on a l’habitude de chroniquer chez Music in Belgium, mais le dernier album de Capsule, consortium électronicien décalé originaire d’Anvers, est suffisamment sympathique et convaincant pour qu’on lui donne une chance sur ces pages. « Chronisch » vaut donc bien une chronique.
Capsule est formé autour de Bruno Meeus (batterie, percussion), Florence Henry (samples, chant), Griet Van Nieuwenborgh (orgue), Roos Janssens (saxophone), Rose Van De Leest (chant), Saar Van De Leest (clarinette, claviers, chant), Stefaan Blancke (saxophone soprano, trombone), Tom Doof (basse, guitare). Quelques-uns de ces musiciens ont opéré dans une vaste nébuleuse électro flamande où ont été identifiés des groupes comme 88Mate!, Brassafrik, Flat Earth Society, Tip Toe Topic, Traktor, Wagpe Kaso ou Wizards of Ooze. Notamment, le saxophoniste Stefaan Blancke a été repéré dans les rangs des mythiques Flat Earth Society et Saar Van De Leest a joué chez Tip Toe Topic. Capsule réalise ici son troisième album, après « Haunted house » (2007) et « Argo navis » (2009).
L’univers particulier de Capsule tourne autour de rythmes dansants et nerveux, de descriptions d’univers science-fictionnesques farfelus et insensés, de collages brinquebalants de pièces sonores foldingues et entêtantes. On est dans des ambiances qui peuvent rappeler Vive La Fête, Sarah Ferri, le Gotan Project et même Pink Martini quand le groupe se veut plus jazzy. On n’est pas loin non plus des ultra-cultissimes et toujours actifs Residents, ce qui n’est pas rien.
Le démarrage de l’album se fait à la façon d’un décollage dans l’espace, avec ce dialogue évoquant les bons vieux films de série B de science-fiction des années 50, fournissant attaques de martiens en plastique ou fusées lancées vers une planète inconnue en carton-pâte (« Digging »). En fait, il s’agit d’un extrait du fameux film La machine à remonter le temps de George Pal (1960), si vous voulez tout savoir. La suite se décline en bondissements électro (« Strada » et ses paroles en français), drum ‘n’ bass lascif (« Discomfort ») ou empilements de voix monocordes (« Waiting »). Les amateurs d’électro et d’expériences musicales douteuses se régaleront et ce n’est que vers la fin de l’album que les tenants de sonorités plus traditionnelles et plus rock pourront soulever un sourcil et écouter des choses comme « Ghost » et son progressif langoureux, un « Bang Lulu » post punk à la Devo, un « Candide » qui n’aurait pas déplu à Frank Zappa et ses Mothers of Invention ou le final « Refugee » qui daigne enfin sonner comme du garage sixties binaire et enjolivé d’un peu d’orgue Farfisa.
« Chronisch » est donc susceptible de faire l’affaire pour ceux qui veulent casser le train-train routinier et mettre un peu d’électro dans leur tasse quotidienne de rock ‘n’ roll. Mais attention, tout abus pourrait s’avérer dangereux.
Pays: BE
Rotakt Records
Sortie: 2013/01/12