SHADOW CIRCUS – On a Dark and Stormy Night
Fondé en 2006 par le musicien américain John Fontana, Shadow Circus fut pour lui son premier projet personnel après avoir participé à de nombreuses aventures pour d’autres musiciens. Sur notre site, vous trouverez les chroniques de ses deux premiers albums sortis respectivement en 2007 et 2009. Si le premier opus nous avait proposé un rock-progressif teinté des seventies avec des connexions évidentes vers les groupes tels que Yes ou Genesis, le second album avait dérouté certains en partant vers le hard-rock ou le métal-progressif. Fin 2012, voici donc venir le troisième effort discographique de cet Américain avec, comme annoncé sur le site officiel, un album-concept de rock-progressif basé sur une nouvelle de science-fiction publiée en 1962 et écrite par Madeleine L’Engle. Sachez que cet ouvrage, écrit entre 1959 et 1960, fût dans le monde des classiques de Fiction Fantasy un retentissent succès pour l’époque ! Sachez encore que la démarche du musicien reçut l’entière coopération de l’auteur du livre, la sortie du disque coïncidant avec le 50e anniversaire de la première publication de l’ouvrage.
Notons ensuite que l’artwork fût confié à l’illustrateur Randy Pollak, connu pour son travail dans le monde du cinéma. L’intérieur de la pochette nous réserve un livret richement illustré. Pour épauler ici John Fontana qui assure la guitare et une partie des claviers, on note la présence de David Bobick au chant, de David Silver pour d’autres claviers, de Matt Masek pour la basse et le violon et enfin de Jason Bower pour la batterie et les percussions. Dernière chose avant de se lancer dans l’inconnu, la maison de production est la même que celle d’Anabasis ! Un signe peut-être prémonitoire d’un tout grand album !
Intro façon classique et Harry Potter pour « Ouverture » qui lance les débats avec, d’entrée de jeu, un savant mélange de rock-progressif typé Arena et du métal-progressif où vient s’immiscer une petite touche de psychédélisme, et ce, grâce aux orgues. Beaucoup de rythme d’emblée avec une batterie fort efficace avant un passage plus atmosphérique où synthés et guitare monteront vers les cieux. Le final revient alors vers l’énergie. « Daddy’s Gone » apporte la douceur des premiers Genesis avec des claviers et des guitares proches des Banks, Rutherford et Hackett. Le chant fait ici son apparition pour une composition à la fois progressive et classique. On sent un retour vers les seventies, mais on pense aussi à Marillion pour un morceau assez envoûtant où le solo de guitare est magistral et où le piano sert de clôture. « Whosit, Whatsit and Which » reste toujours dans l’ambiance génésienne première époque avant de prendre du rythme pour évoluer vers un hard-rock progressif teinté lui aussi seventies. Tout çà fleure bon le « Classic Rock » avec un clin d’oeil à tous ces groupes de la grande époque, sans oublier un petit brin d’humour. Une toute bonne orchestration jusqu’à présent avec également un duo d’enfer entre orgue et batterie comme on en a connu à la grande époque de Deep Purple et consorts ! Les choeurs apportent également plus de profondeur. Démonstrations de piano classique pour démarrer « Make Way For The Big Show » accompagné par la suite par les choeurs. Le rock-progressif, avec orgues en avant, revient par la suite pour nous maintenir dans le « Classic Rock » avec un morceau rythmé et entraînant avec, çà et là, des relents du grand Genesis. Finalement, c’est la voix qui me chagrine un peu et me paraît un cran en deçà de l’orchestration. Le chant me semble manquer de coffre et de couleur !
Synthés et métal-progresif pour lancer « Tesseract » et donc monter en puissance dans un morceau proposant hauteur et profondeur. La guitare est heavy à souhait. Quant à la section rythmique, elle est agressive au possible. Ici, c’est le punch qui domine. Véritable démonstration technique qui nous rappelle un certain Dream Theater. « Uriel » vient apaiser notre esprit avec le retour du piano classique pour une composition au départ atmosphérique et qui évolue à mi-chemin du rock et du métal progressif. Yes, ELP et Genesis ne sont à nouveau pas loin dans cette énième composition où les seventies nous reviennent en mémoire. Début atmosphérique pour « Camazotz » qui nous apporte une basse agressive sur fond de rock-psychédélique qui s’étire vers le progressif. Toujours beaucoup de groove pour ce morceau qui pourrait vous rappeler le Pink Floyd des débuts et qui nous apporte encore une fois une gigantesque bataille entre orgues et percussions. La guitare n’est pas en reste, je vous rassure. Quant au chant, il est plus agressif et plus coloré pour un final dantesque. Guitare acoustique n’est pas coutume pour introduire « Ixchel », une plage qui garde l’ambiance du grand Pink Floyd, avec aussi un passage plus classique au sein d’une composition magique et mystérieuse. Dernière plage déjà, eh oui, force et énergie déboulent avec « The Battle For Charles Wallace » et de nouveau un très beau jeu de basse et de guitare. Ça sent bon à nouveau le grand épique et le « Classic Rock » dans une nouvelle orchestration recherchée et fouillée où le chant me paraît une nouvelle fois en décalage avec ce petit côté Fleshtones. Mais bon, doit-on finalement en tenir rigueur au concepteur de cette gigantesque oeuvre musicale ? D’autant plus que le chant et les choeurs sont par la suite mieux travaillés, le final étant une dernière fois méga-gigantesque !
Exercice périlleux que de réussir un vrai album-concept, autre exercice périlleux que de confronter plusieurs courants musicaux dans un même album, et ce, sans à-coups. Tout cela en évitant toutes les embûches qui se dressent sur votre chemin. Hormis peut-être le chant, mais cela n’engage que moi, cet opus est aussi réussi musicalement que celui d’Anabasis sorti en 2011. Finalement, à chaque année correspond son grand album-concept, et en 2012 c’est celui de John Fontana qui fera office de grand gagnant avec une réalisation où l’orchestration est de bout en bout magistrale, nous permettant ce magnifique saut dans le passé afin de nous faire redécouvrir tous ces groupes légendaires. John Fontana a fait ici honneur au travail de l’écrivain Madeleine L’Engle en lui rendant un vibrant honneur à travers son travail musical. Alors, oublions les maladresses vocales et suivons l’avis des journalistes internationaux, pièce de collection en vue !
Pays: US
10T Records 10062
Sortie: 2012/12/18