CD/DVDChroniques

HAWKWIND LIGHT ORCHESTRA – Stellar variations

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

La nébuleuse Cherry Red Records, qui possède Esoteric Recordings, elle-même compagnie gérante d’Esoteric Antenna, spécialisée dans les rééditions des œuvres de Hawkwind (vous suivez toujours ?), ne se contente plus de ressusciter les œuvres passées du grand groupe space-rock anglais, elle édite maintenant directement les œuvres nouvelles. Et ça, c’est une bonne nouvelle.

Hawkwind, 43 ans d’existence, un leader (Dave Brock) qui affiche maintenant 71 ans aux prunes, une discographie qui occupe normalement une dizaine d’étagères chez les collectionneurs maniaques qui auraient osé suivre la moindre évolution de ce groupe sans devenir fous, et un statut quasi divin dans le registre du space rock progressif. Tels sont les éléments qu’il faut avoir en tête lorsqu’on évoque l’histoire d’Hawkwind dans les conversations de cocktails et de salons si l’on veut passer pour un être supérieurement cultivé et éloigné des préoccupations bassement matérielles qui gangrènent ce monde en déclin.

Chez Music In Belgium, nous avons eu maintes fois l’occasion de parler d’Hawkwind et de nous répandre en dithyrambes face à ce monstre sacré qui a toujours poursuivi son chemin dans le mépris total des modes et des tendances et qui, aujourd’hui encore, trousse du nouvel album avec une conscience et une implication exemplaires, comme si chaque nouveau disque était à la fois le premier et le dernier. Eh bien, encore une fois, nous ne pouvons que nous incliner devant la maestria avec laquelle Dave Brock, son vieil acolyte Richard Chadwick (batterie) et le petit nouveau Niall Hone (basse) se sont fendus d’un « Stellar variations » commis sous le nom d’Hawkwind Light Orchestra et qui est tout simplement bluffant de dynamisme, de pertinence et de maîtrise technique.

« Stellar variations » propose une dizaine de morceaux qui explorent à nouveau les thèmes chers à Dave Brock et Hawkwind. Science-fiction, regard critique sur le monde et ses turpitudes politiques et environnementales, perspectives new age et philosophiques, Hawkwind n’épargne aucune de ses idées de prédilection. Du côté des paroles, il y a bien des groupes contemporains qui devraient en prendre de la graine et laisser de côté le nombrilisme autiste pour s’inspirer des textes d’Hawkwind, qui interrogent directement l’auditeur et le placent droit devant les grands problèmes technologiques, philosophiques et politiques qui défient le monde en général et l’homme en particulier. Un groupe rock qui pose encore des questions difficiles dans notre monde toujours plus enclin à la futilité intellectuelle et à la bien-pensance formatée mérite toute l’attention de ceux qui ont encore confiance en l’art pour véhiculer des messages forts.

Et quand on aborde la musique proprement dite, on se rend compte que ces vieux druides d’Hawkwind ont toujours de la puissance et de l’énergie à revendre. Du premier titre (un « Stellar perspective » tonique et coupé à la semence de buffle) à la dernière chanson (un « Instant predictions » descendant peu à peu du cosmos pour vrombir tous réacteurs dehors dans une rythmique binaire constellée d’interventions instrumentales mortelles), pas un temps mort, une succession d’ambiances tendues, planantes, des breaks cosmiques qui font plonger l’auditeur des hauteurs où il avait été propulsé vers un vide intersidéral aussi angoissant que délassant. Entre les deux, de magnifiques moments approchant le concept insensé de funk cosmique (« All our dreams »), ressuscitant le grand Hawkwind proto-punk des années 70 (« It’s all lies », superbe) ou déblatérant de la poésie quadridimensionnelle à l’usage des martiens atteints de maladies thyroïdiennes (« Four legs good, two legs bad », « In the footsteps of the great one »).

Comme dans tout bon voyage intersidéral, Hawkwind délivre la puissance maximale au décollage (premier tiers d’album), se paie une vitesse de croisière sympathique mais pas trop mouvementée (deuxième tiers d’album) et remet de l’énergie et du drame au moment de l’atterrissage dans un autre monde (dernier tiers d’album). On retiendra donc le départ et l’arrivée de ce trip cosmique typiquement hawkwindien mais tellement convaincant, tellement immersif et tellement respectable pour un groupe qui a son âge d’or si loin derrière lui ! Ne faites pas comme dans L’âge de cristal, ne tuez pas les vieux !

Pays: GB
Esoteric Antenna EANTCD 1008
Sortie: 2012/11/26

Laisser un commentaire

Music In Belgium