GOODTIME BOYS – What’s left to let go
Formé en 2009 à Cardiff dans le Pays de Galles, Goodtime Boys professe un hardcore teinté de screamo, mais d’une telle dignité qu’il serait également de bon ton de le classer dans la famille postcore. Taliesin Leboutillier (batterie), Samuel Phipps (guitare), Kai Woolen-Lewis (guitare), Alexander Pennie (chant) et Leigh McAndrew (basse) n’ont pas d’antécédents musicaux connus et il semble que ce soit ici leur premier groupe et leur première production discographique.
Ceci est d’autant plus louable que le groupe se retrouve signé sur le label Bridge Nine, qui a toujours eu le nez fin pour repérer les bons groupes de hardcore et leur proposer des conditions idéales de production et de distribution. Pour la réalisation de ce « What’s left to let go », Goodtime Boys a en fait accolé deux EP distincts : d’une part cinq chansons qui étaient sorties en 2011 dans le EP « Are we how or have we ever been » et d’autre part cinq nouveaux titres enregistrés en 2012. Les cinq titres les plus anciens ont été remastérisés et le tout a été produit par Lewis Johns au studio The Ranch de Southampton.
Voilà donc l’occasion de faire connaissance avec Goodtime Boys et de se laisser entraîner dans son univers désabusé et triste, lardé de violence désespérée et suintant d’inquiétude blafarde. On aura rapidement compris que le mot Goodtime figure dans le nom comme le mot Joy figurait dans Joy Division. Les types ne sont pas là pour se marrer mais pour nous verser sur la tête des kilotonnes de neurasthénie maladive et des kilomètres de rage étouffée, un truc à faire passer Dostoïevski pour un auteur de comédies burlesques ou Verlaine pour un chansonnier pétomane et grivois.
La dizaine de chansons qui parcourent cet album adopte toujours un peu le même schéma : chant poisseux hurlé mais intelligible, murs de guitares jamais grossières mais toujours à fleur de peau et rythmique énervée au possible, avec une batterie qui rebondit dans tous les coins à la vitesse d’un kangourou sous caféine. On est ici dans un registre post-hardcore prenant et volontaire, un style qui rappellera aux spécialistes du genre des groupes américains comme La Dispute, Defeater, Touché Amoré ou Pianos Become The Teeth. L’album étant composé de deux groupes de chansons écrites à des périodes différentes, on distingue tout de suite la différence à partir de la seconde moitié de l’album, quand le groupe aborde les titres de son premier EP, plus hardcore et moins mesurés que les cinq premiers.
On ressort de ce périple avec une agréable impression, content d’avoir découvert un nouveau groupe qui tente de transcender les règles du hardcore tout en restant éloigné de la facilité. À suivre.
Pays: GB
Bridge Nine Records
Sortie: 2012/10/22
