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MATTHEWS, Ian – Tigers will survive

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Après avoir sorti son premier album solo « If you saw thro’ my eyes », sur le label Vertigo en 1971, l’ex-Fairport Convention Ian Matthews enchaîne directement avec son second opus « Tiger swill survive », toujours sur le même label. Ces deux albums sont désormais réédités par Esoteric Recordings, qui poursuit son exploration du label Vertigo, un des plus riches en variété de genres et en qualité dans cette Grande-Bretagne au rock florissant du début des années 70.

Ian Matthews le reconnaît lui-même : autant le premier album a été facile à mettre au point et à enregistrer, autant ce « Tigers will survive » sera compliqué et stressant à concocter. La faute aux circonstances de l’époque, qui voient un Ian Matthews très bien considéré par la critique et son label en raison de la qualité de son premier album solo. Vertigo tient absolument à ce qu’il sorte un autre disque très rapidement, afin de capitaliser sur un succès naissant auquel il faudrait peu pour le transformer en percée commerciale remarquable. Mis sous pression par le label, Ian Matthews cherche à écrire rapidement de nouveaux morceaux mais se voit aussi contraint de partir en tournée aux États-Unis, ce qui ne facilite pas son travail d’écriture.

Cette tournée américaine a une influence sur l’écriture de l’album, puisque Ian Matthews part là-bas avec dans ses carnets des chansons écrites dans une atmosphère britannique et revient des USA avec des influences captées sur place. D’où un album « Tigers will survive » un peu schizophrène, tiraillé entre le folk anglais et le country rock, dans une mesure beaucoup plus sensible que pour le précédent album. Ayant eu peu de temps pour lancer ce deuxième album, Ian Matthews a massivement recours à des reprises afin d’atteindre l’indispensable douzaine de chansons nécessaires à un disque long format. C’est ainsi que l’on retrouve une reprise de « Da doo ron ron », célèbre hit pop écrit par Phil Spector, et des morceaux signés Moby Grape (« Right before my eyes »), Eric Andersen (« Close the door lightly »), Peter Carr (« The only dancer »), Gram Parsons (« Devil in disguise », qui sort en single et qui était inédit en album) et Richard Fariña (« House of unamerican blues activity dream »). Deux des chansons de Richard Fariña avaient déjà été reprises par Ian Matthews sur le précédent album.

Du côté des musiciens présents sur cet album, Ian Matthews retrouve son compère de Fairport Convention, Richard Thompson, ainsi que les guitaristes Tim Renwick et Andy Roberts, qui étaient déjà présents sur « If you saw thro’ my eyes ». Bob Ronga (basse et claviers), Timi Donald (batterie), Cal Batchelor (guitare), Bruce Thomas (basse), Ray Warleigh (saxophone), Ian Whiteman (claviers) et John Wilson (batterie) complètent un line-up imposant qui sert avec expertise et précision les chansons de cet album. Davantage produit, plus élaboré, « Tigers will survive » est un bon album mais à qui il manque un tout petit quelque chose qui aurait pu le placer à rang égal avec « If you saw thro’ my eyes ». On est davantage dans la country et west coast que dans le folk anglais qui avait fait le charme du premier album et ça se ressent un petit peu. Mais attention, il n’est absolument pas question ici d’un album médiocre et il y a bien des groupes de maintenant qui se feraient couper une main pour pouvoir écrire des chansons du niveau de celles qu’on trouve dans « Tigers will survive ».

Après cette expérience solo chez Vertigo, Ian Matthews va mener une prolifique carrière au cours des quatre décennies suivantes. Que ce soit avec le groupe Plainsong au début des années 70, en solo ou avec son groupe Matthews Southern Comfort, Ian Matthews n’a jamais chômé et a su fonder au cours du temps une œuvre bien étoffée et d’une indéniable qualité.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2361
Sortie: 2012/11/19 (réédition, original 1972)

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