STRING DRIVEN THING – String Driven Thing
Lors d’une précédente chronique traitant de l’album « The machine that cried« de String Driven Thing, j’avais eu l’occasion de dire tout le bien que je pensais de cet excellent groupe écossais, un des meilleurs groupes progressifs des années 1970 mais qui n’avait pas obtenu le succès qu’il méritait. J’avais notamment expliqué que « The machine that cried » (1973) avait été précédé d’un album éponyme sorti en 1972 et qui était tout aussi sympathique que son successeur. Eh bien, cet album, le voici enfin à nouveau disponible sur le label Esoteric Recordings, dont on ne présente plus les vertus et le génie de la résurrection des groupes des Seventies qui auraient pu percer mais qui sont restés dans l’ombre.
En 1972, String Driven Thing est à un moment crucial de son existence. Ses fondateurs, les époux Chris et Pauline Adams, ont quitté leur Écosse natale où ils jouaient dans les clubs folk et sont arrivés à Londres avec l’idée d’abandonner une ligne purement folk pour intégrer davantage de rock dans leur musique. À l’époque, le couple opère encore avec John Mannion, guitariste qui avait participé à la confection du premier album autoproduit de String Driven Thing en 1968. Mais Mannion ne tarde pas à quitter le groupe et Adams recrute alors un bassiste (Colin Wilson) et un violoniste (Graham Smith). Ce dernier est un surdoué du violon, un Paganini moderne capable de développer des ambiances sonores insoupçonnées.
Le quatuor, qui ne possède pas de batteur, prospecte les maisons de disques londoniennes et finit par arriver dans les bureaux du label Charisma, dont le poulain principal n’est autre que Genesis. Après la signature du contrat, le groupe se retrouve en studio en août 1972, avec derrière la console le mythique Shel Talmy (manager des Who et des Kinks, notamment). Il faut quinze jours de travail assidu pour mettre sur pied « String Driven Thing », premier album du groupe à l’échelle nationale. Celui-ci comprend dix titres qui marient formidablement bien rock et folk. Le rock est volontiers lourd, chargé en guitares, et le folk transcende le genre grâce à l’intervention de l’incroyable Graham Smith au violon. Ce dernier tisse des structures musicales qui surplombent la basse dynamique de Colin Wilson, la guitare musclée de Chris Adams et la voix perforatrice de Pauline Adams.
Dès « Circus » et son heavy rock péremptoire, on est tout de suite calé dans le disque, prêt à être promené de rock ‘n’ roll bien trempés (« Hooked on the road », « Let me down », « My real hero ») en chansons folk toujours pertinentes (« Fairground », « Easy to be free », « The last blue yodel », « Regent Street incident », « There you are »). L’alternance entre le rock et le folk passe harmonieusement dans les oreilles et l’association des deux styles trouve toute sa signification dans « Jack Diamond », chanson dramatique au chant tendu, aux percussions envoûtantes et bien sûr rehaussée d’un solo de violon venu d’un autre monde.
L’album « String Driven Thing » est donc une réussite et il préfigure le grand œuvre du groupe de la famille Adams, « The machine that cried » (1973). En attendant, String Driven Thing est programmé dans la tournée américaine de Genesis en 1972, pour qui il fait la première partie. Il parvient sans problème à domestiquer le public venu voir Peter Gabriel et ses sbires et parfois, Genesis est obligé de retarder son show pour permettre à String Driven Thing de faire un rappel à la demande d’une assistance devenue folle d’enthousiasme.
Il va sans dire que ce premier album de String Driven Thing sur Charisma est hautement recommandable, tout comme son successeur. Après, les choses prennent une autre tournure puisque Pauline et Chris Adams quittent leur propre groupe en 1974 et String Driven Thing survit quelques années avec un line-up et des albums qui n’ont plus rien à voir avec ses deux premiers chefs-d’œuvre.
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2358
Sortie: 2012/11/26 (réédition, original 1972)
