LILIUM SOVA – Epic morning
Lilium Sova est un groupe genevois formé en 2006 et qui constitue un des nombreux éléments composant la riche scène underground suisse. Ce groupe évolue en trio et se fonde sur une instrumentation peu courante : batterie, basse et saxophone. Autant dire que cette combinaison fournit plein de possibilités de glisser vers l’étrange, l’expérimental ou l’avant-garde siphonnée. L’album « Epic morning » est en fait le deuxième album du trio, qui avait réalisé « Tripartite chaos » il y a quelques années. Ce deuxième opus est présenté par le groupe comme l’achèvement d’un cycle, celui où Lilium Sova jouait en formation trio.
Pourtant, il y a plus de trois musiciens sur ce disque, puisque Cyril Chal (basse), Timothée Cervi (batterie) et Michael Borcard (saxophone et claviers) se sont entourés de nombreux invités, issus de la scène postcore helvétique. On aperçoit ainsi sur les crédits de l’album les noms de Yonni Chapatte (Kehlvin, Yog), Michael Schindl (Impure Wilhelmina, Vuyvr), JP Schopfer (Rorcal, Kernal) ou Diogo Almeida (Rorcal, Vuyvr) qui viennent donner un coup de main sur les huit titres. JP Schopfer est également impliqué dans la production de l’album, l’ingénierie du son et le mixage. Bien qu’« Epic morning » ait été conçu au printemps 2011, il ne sort que fin 2012 mais au vu du résultat, ça valait la peine d’attendre.
Le disque se présente sous une forme entièrement instrumentale, à part un texte écrit et chanté par Yonni Chapatte sur « Dawn of sweet villain ». Lilium Sova entraîne l’auditeur dans des constructions musicales dominées par une basse lourde, délimités par des schémas rythmiques capricieux et élastiques sur lesquels vient se greffer un saxophone fiévreux et susceptible. On est ici dans un registre post-hardcore noisy saupoudré d’ambiances jazzy. L’album représente un tout, voulu par le groupe comme un voyage entre la réalité et le rêve. « Dawn of sweet villain », avec sa structure hardcore bien identifiable et son chant, vient briser une suite de titres instrumentaux jazzcore dissonants et déstructurés. Il annonce également l’entrée en scène du titre final « Epic morning », s’étendant sur 22 minutes.
Ce morceau est bien entendu le plat de résistance de l’album et place patiemment ses éléments constitutifs : démarrage en douceur, puis accélération progressive sur un mode jazz électronique et finalement accès à un combat fratricide entre la basse et le saxophone. Après un premier déchirement sonore, tout redevient subitement calme mais la progression vers des sonorités massives reprend rapidement. Et finalement, sur une touche plus mélodique et tranquille, Lilium Sova termine ce vaste morceau qui achève notre promenade dans le pays de l’expérimentation sonore ultime. L’album « Epic morning » est incontestablement un opus d’une grande maturité, très à l’aise hors des sentiers battus et affiné dans sa production.
Pays: CH
Cal Of Ror Records
Sortie: 2012/11/16