BISHOP, Elvin – She puts me in the mood
C’est à la redécouverte d’un véritable monument du blues blanc américain que nous convie ici le label Blues Boulevard, avec une compilation visitant quelques albums d’Elvin Bishop. Il y a des types sur cette Terre qui retirent leur chapeau rien qu’en entendant le nom d’Elvin Bishop, alors il ne va pas falloir prendre ce « She puts me in the mood » à la légère.
La pochette de cet album représente Elvin Bishop photographié en concert à Boston le 3 juillet 2010 : œil perçant, doigt inquisiteur pointé vers le ciel, Gibson ES-345 rouge tenue d’une main ferme, avec le bottleneck fixé sur l’annulaire. Le bluesman a l’air fringant, ce qui est d’autant plus rassurant qu’il vient de fêter ses 70 ans le mois dernier. Elvin Bishop est né en Californie, mais a grandi dans l’Iowa puis dans l’Oklahoma, l’Amérique profonde. Dévoré par le virus du blues, Elvin Bishop rencontre en 1963 le légendaire harmoniciste Paul Butterfield, immense bluesman blanc des Sixties qui l’embarque dans son groupe pour les cinq années suivantes. Oui, le premier titre de gloire d’Elvin Bishop est d’avoir servi dans les rangs de l’incomparable, du fantastique, du merveilleux Paul Butterfield Blues Band. Bishop participe aux quatre premiers albums du Paul Butterfield Blues Band (1965-68), où il fréquente deux autres bluesmen légendaires : Mike Bloomfield et Al Kooper (ceux-là aussi, on retire son chapeau quand on entend leur nom).
De ce fait, Elvin Bishop joue sur l’album « The live adventures of Mike Bloomfield and Al Kooper », qui sort en 1969 et sur lequel on retrouve aussi un certain Carlos Santana. Puis, il forme son propre groupe qui a le privilège de jouer sur scène en compagnie de l’Allman Brothers Band (chapeau, s’il vous plaît…) lors de concerts restés fameux au Fillmore East de New York en mars 1971. Au cours de sa carrière, Elvin Bishop a également eu l’occasion de jouer ou de tourner avec des monstres sacrés de la profession blues : John Lee Hooker, Bo Diddley, B.B. King (là, je ne veux plus voir un seul chapeau sur les têtes). Sa discographie comprend une vingtaine d’albums enregistrés sur près de 40 ans et l’album ici présent collectionne quelques titres des années 1988-2000, extraits de disques sortis sur le label Alligator Records.
Il s’agit donc de « Big fun » (1988), « Don’t let the bossman get you down » (1991), « Ace in the hole » (1995), « The skin I’m in » (1998) et le live « That’s my partner » (2000), albums de bonne facture qui sont curieusement présentés ici dans l’ordre chronologique inverse, sauf pour les deux titres de l’album live qui sont à la fin. On découvre donc l’Elvin Bishop des années 1990, toujours ardu sur le manche, princier dans le slow, vivifiant sur scène et irrémédiablement fidèle à l’idéal du blues. La grande majorité des seize titres ont été écrits par Elvin Bishop mais on peut remarquer par-ci par-là quelques reprises d’Allen Toussaint (« I’m gone »), Dave Bartholomew (« Another mule kickin’ in your stall ») ou Ernest Lawlers (« Kissing in the dark »). L’authenticité blues de ces compositeurs montre bien l’érudition d’Elvin Bishop en la matière, un gage supplémentaire de qualité qui terminera de démontrer que Monsieur Bishop est un très grand du blues et que l’acquisition de cette compilation « She puts me in the mood » est un must pour ceux qui veulent le découvrir ou le redécouvrir. Au fait, j’ai oublié de le préciser : pour Paul Butterfield aussi, on retire son chapeau…
Pays: US
Blues Boulevard 250338
Sortie: 2012/12/01