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RAGE AGAINST THE MACHINE – Rage Against The Machine, 20th anniversary edition

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Oh bon sang, vingt ans ! Cela fait déjà vingt ans que le mythique premier album de Rage Against The Machine est sorti. Pour ceux qui pensent que le rock est né avec les Kings Of Leon, je parle d’une époque dont ils n’ont même pas idée : ces fabuleuses années 90 qui virent naître en quelques semaines des genres aussi cruciaux que le grunge de Nirvana et Pearl Jam, le néo-métal de Korn et des Deftones, le power metal de Machine Head et Pantera ou le stoner musclé de Kyuss et Monster Magnet. Les précurseurs immédiats de ces années 90, Suicidal Tendencies ou Red Hot Chili Peppers, n’étaient jamais très loin non plus mais on peut dire que c’est Rage Against The Machine qui tire les plus beaux marrons du feu de ces Nineties bouillonnantes, que certains nostalgiques idiots des Eighties persistent toujours à négliger, honte à eux.

Rage Against The Machine, on ne va pas commettre l’impair de vouloir présenter ce groupe, comme s’il y avait encore des gens sur cette terre qui ne le connaissaient pas. Mais il faut se souvenir que l’espace d’une décennie, le groupe de Zack De La Rocha (chant et cocktails Molotov), Tom Morello (guitare et kalachnikov), Tim Commerford (basse et canon antichar) et Brad Wilk (batterie et lance-roquettes type Katioucha) ont essaimé la révolte et la contestation à travers ces albums violents et sans concessions que sont « Rage against the machine » (1992), « Evil empire » (1996), « The battle of Los Angeles » (1999) et « Renegades » (2000, en fait un album de reprises). Le métal concocté à base de rap et de funk faisait à l’époque de RATM un des groupes les plus originaux et les plus redoutés de la scène rock, magnifié par le chant caustique et révolutionnaire de Zack De La Rocha et le jeu de guitare incroyable de Tom Morello, un des plus grands guitaristes de tous les temps, j’ose insister. C’était le bon temps, c’était avant George W. Bush et la guerre en Irak, avant la crise des sub-primes et l’effondrement progressif de l’empire occidental, la décadence des valeurs capitalistes qui furent dénoncées à l’époque par Rage Against The Machine.

Le groupe s’est séparé en 2000 mais après l’expérience peu concluante d’Audioslave (Morello, Commerford et Wilk associé à l’ex-Soundgarden Chris Cornell), RATM s’est reformé en 2007 mais n’a pas encore fait de nouvel album. Il serait d’ailleurs difficile à mon avis d’égaler aujourd’hui ce monstrueux premier opus qu’était « Rage Against The Machine », illustré de sa célèbre pochette représentant un bonze vietnamien s’immolant par le feu en protestation de la répression à l’égard des bouddhistes dans son pays en 1963. C’est de cela dont il s’agit dans cet album, de colère, de métal en fusion, de feu inextinguible balancé à la face du système. De La Rocha scande des slogans revendicatifs tandis que Tom Morello élabore des expériences inédites à la guitare. Les morceaux « Killing in the name of » et « A bullet in the head » sont depuis restés vissés dans le patrimoine rock contemporain, rejoignant les classiques indémodables du genre.

Eh bien, c’est de tout cela dont il est question dans cette superbe réédition proposée par Epic Legacy vingt ans après la sortie du premier album de Rage Against The Machine. Et il va y avoir de quoi s’émerveiller devant ce triple disque qui comprend deux CD et un DVD. Le premier CD est bien sûr la réédition remastérisée du mythique premier album, devant laquelle on met un genou en terre, on goûte jusqu’à la moelle les dix tueries absolues qui composent le disque et on se déguste trois versions live brûlantes de « Bombtrack », « Bullet in the head » et « Take the power back ». Le deuxième CD reproduit les versions démo originales du disque de 1992, dans lesquelles on découvre une pluie d’inédits (« Darkness of greed », « Clear the lane », « Mindset’s a threat », « Auto logic », « The narrows »). Certains de ces morceaux sortiront en face B de singles à l’époque mais avoir sous la main tous ces titres aussi virulents que ceux du premier album est une véritable bénédiction, d’autant que le son est des plus convaincants.

Et on va se finir la tête avec la troisième galette de l’ensemble, à savoir un DVD qui recèle quelques clips officiels et très revendicatifs (« Killing in the name of », « Bombtrack », « Freedom ») et des extraits filmés en concert vers 1992-93 (« Take the power back », « Bombtrack », « Wake up »). Ce DVD ne fait que trente minutes mais permet de découvrir un groupe complètement habité par son art, son message et soucieux de communiquer au public une certaine foi en la résistance contre l’oppression, qu’elle soit à l’égard des Indiens d’Amérique ou des populations du Pérou.

On ne va pas s’étendre davantage sur la question, vous aurez compris que l’objet est absolument indispensable pour tous ceux qui associent encore le rock et la lutte politique, et pour ceux qui veulent découvrir un grand groupe qui n’avait pas peur de s’exposer en hurlant sa rage contre la machine. Zack, Tom, revenez et sauvez-nous de la bêtise ambiante !

Pays: US
Epic Legacy
Sortie: 2012/11/27 (réédition, original 1992)

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