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TIR NA NÓG – Strong in the sun

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Après « Tír na nÓg » en 1971 et « A tear and a smile » en 1972, les folkeux irlandais de Tír na nÓg (Sonny Condell et Leo O’Kelly) abordent l’année 1973 avec un troisième album, intitulé « Strong in the sun ». Cet album fait désormais partie du catalogue d’Esoteric Recordings, qui vient de rééditer les œuvres complètes de Tír na nÓg durant les années 1970.

Le label du groupe, Chrysalis, envoie ses poulains aux studios Sound Techniques, qui a coutume d’accueillir des groupes folk (Nick Drake, Steeleye Span, Fairport Convention, John Martyn, par exemple). Là-bas, sous la production de Tony Cox (qui était déjà producteur du précédent album), Tír na nÓg prépare une dizaine de morceaux, avec en renfort le bassiste Dave Peacock et le propre frère de Leo O’Kelly, Hugh O’Kelly, aux claviers.

À l’écoute des premières démos, le label Chrysalis manifeste immédiatement sa désapprobation de l’orientation musicale des morceaux, pourtant peu différents du folk des deux premiers albums. Le label veut quelque chose de plus accrocheur et renvoie tout le monde dans un nouveau studio, avec un nouveau producteur et de nouveaux musiciens. Ébranlés par cette décision aussi soudaine que brutale, Leo O’ Kelly et Sonny Condell accusent le coup et acceptent de travailler avec le nouveau producteur, qui n’est autre que Matthew Fisher, tête pensante des fameux Procol Harum. Avec des musiciens de session recrutés pour l’occasion et l’ingénieur du son Geoff Emerick (mythique accoucheur du son des Beatles avec George Martin), Tír na nÓg est prêt à refondre entièrement son projet d’album.

Le résultat est une véritable rupture par rapport au patrimoine musical de Tír na nÓg, avec des arrangements rock sur certains titres qui donnent par moment carrément une coloration glam. On est en 1973 et le glam rock bat son plein, ce qui a sans doute poussé Chrysalis à mettre les folkeux de Tír na nÓg devant le fait accompli : soit ils continuent leur folk psychédélique qui ne vend pas, soit ils essaient de s’orienter vers quelque chose de plus commercial dans l’espoir d’apporter des espèces sonnantes et trébuchantes à Chrysalis.

« Strong in the sun » démarre ainsi avec une reprise du « Free ride » de Nick Drake, devenant ainsi la première reprise du chanteur folk du vivant de celui-ci. Cette version est pour le moins redynamisée et a peu de choses à voir avec l’original. On retrouve cette énergie primesautière sur « Whitestone Bridge », qui parle de New York et de son activité frénétique et débridée, un thème qui a toujours été prégnant chez les Irlandais de Tír na nÓg, directement débarqués de leur campagne vers Londres en 1970. « Teeside », « The wind was high » et « In the morning » donnent plus dans la structure folk traditionnelle qui a caractérisé le style de Tír na nÓg jusqu’alors, tandis que « Cinema » reprend les pérégrinations glam et énergiques, incorporant même des montages sonores en provenance d’un western avec Henry Fonda. « Strong in the sun » est la chanson la plus commerciale du disque, d’où sa présence en face A du single « Strong in the sun/The mountain and I », dont la face B est rééditée ici en bonus pour la première fois.

Nous n’irons pas jusqu’à dire que ce troisième album de Tír na nÓg est décevant, bien au contraire. Il est juste un peu différent mais a réussi à résister aux ravages du temps, comme ses deux prédécesseurs. Après une tournée anglaise en compagnie de Bridget St. John à l’automne 1973, Sonny Condell et Leo McKelly décident de rompre leur collaboration avec le label Chrysalis en 1974. Les deux musiciens retournent en Irlande où ils entreprennent des carrières solo. Sonny Condell sort l’album « Camouflage » en 1977 et forme plus tard le groupe Scullion, qui va sortir une poignée d’albums durant les années 80. O’Kelly devient producteur et réalise également quelques albums de son côté. Les deux hommes se retrouvent en 1985 pour tourner sur une base irrégulière, avant de reprendre la route des studios pour trois albums de plus sortis au début des années 2000. Toujours actifs de nos jours, ils ont sorti il y a deux ans un « Live at Sirius », qui prouve leur bonne forme et confirme que Tír na nÓg doit être toujours considéré comme une institution solide de la scène folk anglo-saxonne.

Pays: IE
Esoteric Recordings ECLEC 2351
Sortie: 2012/10/29 (réédition, original 1973)

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