KLINK CLOCK – We don’t have the time to do love all the time
Voici un duo qui nous vient des Yvelines, de cette région versaillaise qu’on imagine entièrement trustée par les formations électro-pop, tant l’ombre de Phoenix et Air plane lourdement au-dessus du bled. Mais avec Klink Clock, pas question de faire dans la minauderie raffinée ou le dandinement de synthétiseurs, parce qu’Aurélien Turbant et Jennie Burke défendent avec acharnement l’idée d’un garage rock qui ne saurait toujours pas que les BB Brunes sont devenus des Bisounours et que la plupart des formations parisiennes sauvages du milieu des années 2000 sont retournées sur les bancs des facs de gestion ou sont allées composer de la musique d’ascenseur pour des émissions radiophoniques culturelles diffusées après 22 heures.
Après avoir fomenté deux EP bien énervés et assuré des premières parties pour des groupes frenchy comme Moriarty, The Hushpuppies ou Stuck In The sound, Klink Clock vient mettre l’équilibre géopolitique mondial en danger avec un premier long format qui, s’il navigue sur des canaux déjà balisés, va néanmoins laisser quelques bleus au milieu de la figure.
Le concept est simple : une guitare, un kit de batterie réduit à une caisse claire, un tom basse et une cymbale, un chanteur chevelu et une chanteuse au charme ravageur et le tout se lance sans peur et sans reproche dans un garage rock nerveux et décomplexé qui ralliera à sa cause tous les gens sensibles aux White Stripes, Kills, Dresden Dolls ou autres Black Box Revelation. Bref, le duo se porte toujours bien et menace la profession de bassiste, toujours absente de cette formule carnassière dont les angles semblent aiguisés comme des couteaux.
Les Klink Clock livrent ici une dizaine de titres courts sur patte, effrontés et redoutablement efficaces. Aurélien Turbant lâche des ondes sonores hargneuses et intrépides, tandis que sa camarade pilonne son kit squelettique avec une énergie de mégère lâchée en plein milieu des soldes aux Galeries Lafayette. Le garage punk laisse parfois la place à une conception pervertie du blues, comme en témoigne un « I dream I fuck » parfaitement vicelard et lascif.
Rugueux, primaire, cortical, « We don’t have the time to do love all the time » porte un titre tout à fait bienvenu. Il n’y a pas que l’amour dans la vie, il y a aussi les coups de pied au cul et pour ça, on peut s’adresser en toute confiance à Klink Clock. Ajoutez à cela une vidéo parfaitement subversive sur YouTube (« LMMC ») et l’on obtient l’un de ces petits coups de cœur vivifiants et réconfortants dont on a parfois besoin pour se dire que l’univers aseptisé dans lequel nous vivons a encore quelques failles.
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2012/11/15