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PROMETHEE – Nothing happens, nobody comes, nobody goes

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Où l’on reparle de la Suisse et de sa scène hardcore tout aussi surprenante qu’excitante. L’autre pays du fromage nous révèle cette fois-ci un groupe du nom de Prométhée, appellation lourde de conséquences quand on se souvient que Prométhée est le petit malin qui est allé piquer le feu chez les dieux de l’Olympe pour le ramener chez les hommes. Enfin, petit malin, je minimise, car Prométhée était quand même un Titan, c’est-à-dire une divinité primordiale qui a dû laisser la place aux vrais dieux, à savoir Zeus et toute sa clique.

Mais le mot titan résume bien la personnalité de Prométhée, le groupe suisse, cette fois. Formé en 2008 à Genève par Joshua Orsi (chant), Ludovic Lacroix (guitare), Elric Doswald (guitare), Mathieu Tappolet (basse) et Nils Haldi (batterie), Prométhée ne tarde pas à mettre le feu au lac avec un hardcore burné proche du métal, comme le démontre son premier EP éponyme sorti en 2010 sans que le Conseil de Sécurité des Nations Unies en ait été averti.

Les choses étaient déjà bien énervées sur ce premier maxi mais avec « Nothing happens, nobody comes, nobody goes » (une expression empruntée à Samuel Beckett), on touche un échelon supérieur. Ici, les sbires de Prométhée alignent un hardcore complexe, voire progressif, qui emprunte aussi bien à la puissance de Killswitch Engage qu’aux constructions alambiquées de Dillinger Escape Plan. Avec ses moins de 35 minutes et ses dix morceaux, « Nothing happens, nobody comes, nobody goes » est un moment de rage électrique qui tient en haleine. Tout n’est pas révolutionnaire ici et on connaît déjà certains trucs ou secrets de fabrication, mais la façon qu’a le groupe de ficeler son hardcore, de le faire gicler en flux tendu tout en parsemant le tout de breaks brutaux et de ralentissements étouffants du rythme, tout cela contribue à faire de ce premier album long format un petit bijou du genre.

Le chant de bûcheron nourri aux amphétamines reste néanmoins clair et se fraie sans difficulté un chemin parmi la forêt dense des guitares qui assènent des riffs massifs et tranchants. La rythmique cultive des mid-tempos agressifs mais part aussi parfois dans des accélérations accompagnant un groupe qui flirte alors avec le death ou le black metal. Loin d’être monolithique, « Nothing happens, nobody comes, nobody goes » cultive avec succès une versatilité néanmoins toujours fidèle à la cause du gros son.

Le contenu est sympa mais il ne faudrait pas non plus oublier le contenant, avec cette belle pochette aux teintes grises, d’un romantisme funéraire et qui est signée Tom Bates, un illustrateur ayant déjà travaillé sur des pochettes d’albums de Bleed From Within ou Bury Tomorrows. Bref, tout dans cet album de Prométhée est au rendez-vous pour le plaisir des yeux et des oreilles.

Pays: CH
Bad Mood Records
Sortie: 2012/10/13

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