VERDUN – The cosmic escape of Admiral Masuka
Tout dans ce groupe appelle attention et inquiétude. Le nom, d’abord : Verdun. Verdun et son cortège de souvenirs meurtris, cette bataille de la Première Guerre mondiale qui compta à elle seule pour le quart des pertes totales des armées française et allemande. Six mois de combats acharnés, le Stalingrad de 14-18. Ce nom évoque à lui seul la grisaille des cieux enfumés par les incendies, le bruit lourd des obus dévastant la pierre des forts et des casemates, la longue plainte des blessés et l’amoncellement des morts.
Eh bien, le Verdun de Montpellier réunit toutes ces mignonnes évocations à lui seul, avec son doom sludge pesant et hanté, dont on peut se faire une idée à l’occasion de la sortie de son premier EP. Enfin, un EP de trois titres qui dure 32 minutes, on a déjà vu des albums long format plus courts que ça. Rappelons que le « Raining blood » de Slayer ne dure que 29 minutes et que la première galette de Verdun n’est qu’à quatre minutes de la durée du « Sergeant Pepper » des Beatles.
Autre motif de se mobiliser avant même d’avoir consacré une oreille à ce disque : le titre de l’ensemble. L’évasion cosmique de l’amiral Masuka n’est pas le genre de truc qui laisse indifférent. On ne sait pas très bien qui est cet amiral Masuka, dont le nom peut rappeler le collègue de Dexter dans la célèbre série médico-meurtrière. Encore une belle référence à des choses tout en douceur et emplies de grâce printanière.
Vous l’aurez compris, les types de Verdun ne rigolent pas. Ces cinq Montpelliérains auraient pu se contenter de vivre le reste de leur âge au soleil du Languedoc-Roussillon, sirotant pastis et baignant sous le soleil de la Grande Motte. Mais non, il faut qu’ils explorent une musique bien plus adaptée au ciel gris du Nord, à la terre poisseuse des bassins miniers et à la langueur des climats steppiques. En trois titres longs et rugueux, les types nous démontrent par a + b qu’ils ont parfaitement intégré les influences Sleep, Electric Wizard, Pentagram ou Saint Vitus et qu’ils sont également parvenus à trouver un son propre, qui évite l’ennui pouvant naître sur des titres sludge de plus de dix minutes, et qui associe avec brio éléments névrotiques et un certain psychédélisme hérité d’Hawkwind.
Rien n’est superflu sur ce disque de Verdun, nouveau groupe français qui peut s’enorgueillir de rejoindre le club des formations hexagonales capables de rivaliser avec la qualité anglo-saxonne. Gojira a vraiment eu des effets bénéfiques sur la scène française : son succès international a décomplexé des centaines de formations françaises qui rompent enfin les ponts avec Johnny Hallyday et la French touch du rock électro. Verdun fait partie de ces nouveaux soldats de la révolution rock underground française. Continuez, les gars !
Pays: FR
Head Records / Mandaï Distribution
Sortie: 2012/06/15