METEORS (The) – Doing the Lord’s work
Il y a certaines personnes sur cette Terre qui retirent leur chapeau rien qu’en entendant le nom des Meteors. Elles ont raison car, avec plus de trente ans de pratique et une quarantaine d’albums sous les Doc Martens, les Meteors restent les maîtres incontestés du microcosme psychobilly, un genre dont ils ont fondé eux-mêmes tous les éléments et la mythologie. Ils ont beau être vieux et laids, leurs petits yeux en boutons de bottine vous regardent toujours avec l’agressivité et la fierté de la jeunesse rebelle.
Les Meteors n’ont jamais raccroché les gants et apportent toujours régulièrement au monument du psychobilly des pierres qui contribuent à solidifier l’édifice. Le dernier en date était l’excellent « Hell train rollin’« (2009), qui arrivait après les malsains « Hymns for the hellbound« (2007), « These evil things » (2004) et « Psychobilly » (2003), tous sortis sur le label People Like You, l’un des plus sûrs bastions du rockabilly/punkabilly.
Le leader du groupe, P. Paul Fenech, n’est pas non plus en reste puisqu’il commet dans son coin des albums solos tout aussi vicieux et énervés que ceux des Meteors. Son dernier « International super bastard« avait également trouvé une diffusion via le label People Like You, pour le plus grand plaisir des amateurs de Chevrolet cabossées, de peignes durcis à la gomina et des mateurs de films d’horreur fifties à 300 dollars de budget.
C’est cette même atmosphère que l’on retrouve sur « Doing the Lord’s work », collection de titres purement Meteoriques qui ne marquent pas une grande innovation dans le style mais ajoutent une nouvelle pièce au dossier, dans la grande tradition. Car on peut considérer ce dernier Meteors comme un album bien traditionnel qui se fond parfaitement dans le paysage dressé depuis trente ans par P. Paul Fenech et ses sbires. Des montages sonores de films de loups-garous ou de savants fous des années 50 servent de toile de fond à des guitares glissantes qui se faufilent prestement dans les oreilles (« The man in the cunt skin mask »). Les Meteors resservent des louches de leur spécialité avec ces rythmiques nerveuses et électriques, ce binaire teigneux et ce chant travaillé au Jack Daniel’s qui a fait la réputation du groupe (« The last temptation (was you) », « Strange times are coming », le brutal et jouissif « The shredder »). De petites résonances Cramps viennent chatouiller les oreilles de temps en temps (« Ain’t no turning back »), mais qui s’en plaindrait ?
Curieusement, une reprise très crampienne du « Paranoid » de Black Sabbath vient se poser en plein milieu d’album, comme ça, sans prévenir. Hommage sincère envers les sorciers sidérurgiques de Birmingham ou souci de faire du remplissage ? Avec seize titres dans l’album, les Meteors prouvent qu’ils n’ont pas de trous à boucher et qu’au contraire, leur reprise du Sab vient réellement du cœur et des tripes. Et puis, pas bêtes, les Meteors : ils savent très bien qu’une reprise de Black Sabbath attire plus le client qu’une reprise des Crocheted Doughnut Ring ou d’Ultimate Spinach. En tous cas, on pourra la rajouter aux centaines de versions qui existent déjà de ce titre mythique.
C’est bien là une des rares innovations de cet album qui donne à fond dans le plus pur style Meteors, bien rugueux, typiquement psychobilly et décapant. Peu de nuances dans le style, de l’efficacité avant tout, rien de nouveau sous le soleil mais surtout, chers Meteors, ne changez rien : c’est très bien comme ça.
Pays: GB
People Like You
Sortie: 2012/10/05