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STRING DRIVEN THING – The machine that cried

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Le rock progressif britannique des années 70 n’a pas compté que Yes, Genesis, Soft Machine et King Crimson dans ses rangs. Il faut dénombrer autour de ces prestigieuses formations des quantités de groupes tout aussi doués mais qui n’ont pas eu la chance d’apparaître au grand jour. Citons au hasard Cressida, Catapilla, Still Life, Running Man, Flash, Spring, Raw Material et autres Beggar’s Opera ou The Greatest Show On Earth. Il y en a des dizaines mais parmi tous ces groupes, String Driven Thing avait incontestablement des cartes à jouer avec son folk rock progressif bien trempé auréolé de la présence de l’excellent violoniste Grahame Smith.

Formé à Glasgow en 1967 autour du couple Chris et Pauline Adams, String Driven Thing tourne inlassablement dans les circuits folk écossais à la fin des années 60. Le groupe réalise un premier album confidentiel sur le label Concord en 1968, vite disparu de la circulation et devenu aujourd’hui un collector de premier ordre. La destinée de String Driven Thing change quand le combo croise le chemin de Tony Stratton-Smith, patron du label Charisma, spécialisé à l’époque dans le rock progressif (Genesis, Van Der Graaf Generator, Lindisfarne, Peter Hammill, Steve Hackett…). Charisma signe String Driven Thing et lui fait sortir son véritable premier album en 1972. Bien que n’ayant pas cassé la baraque du point de vue commercial, String Driven Thing bénéficie de la confiance de son label qui l’envoie tourner aux États-Unis en première partie de Genesis.

String Driven Thing va réaliser son meilleur album en 1973, avec un « The machine that cried » enfanté dans la douleur. Le guitariste Chris Adams suit une courbe de malchance qui a bien failli lui coûter la vie. Blessé au pouce par une fenêtre brisée, il se retrouve incapable de jouer. Sa femme Pauline retourne en Écosse avec leurs enfants et Chris Adams végète dans son appartement londonien durant l’hiver 1972-73, contractant au passage une pneumonie carabinée. Partiellement rétabli, il entame avec son groupe l’enregistrement de « The machine that cried » aux studios IBC de Londres, sous la production de l’expérimenté Shel Talmy (découvreur des Who et des Kinks, entre autres). Le label Charisma vient mettre son grain de sel et écarte une des meilleures chansons du groupe, un « River of sleep » de onze minutes qui ne figure pas sur le premier pressage.

Malgré toutes ces vicissitudes, String Driven Thing parvient à sortir son disque en août 1973. L’album contient ce que le groupe a fait de mieux, du ténébreux et dramatique « Heartfeeder » aux nerveux et tendus « Night club » et « Sold down the river », en passant par des phases plus recueillies (« To see you », « Two timin’ mama », le pur folk « Travelling », le romantique « The house »). La chanson « The machine that cried » a un petit côté Jefferson Airplane et l’ensemble de l’album est survolé par les ambiances tantôt malsaines, tantôt mélancoliques du violon de Grahame Smith, aussi accompagné par une section rythmique composée de Colin Wilson (basse) et Bill Fairley (batterie).

Malheureusement, String Driven Thing ne rencontre pas le grand succès qu’il mérite. Au contraire, les choses partent de plus belle en quenouille puisque Pauline et Chris Adams quittent le groupe en 1974. Le label Charisma maintient String Driven Thing en respiration artificielle avec de nouveaux musiciens parmi lesquels Grahame Smith est le seul membre original restant. Cette formation bâtarde sort néanmoins les albums « Please mind your head » (1974) et « Keep yer ‘and on it » (1975) avant de disparaître pour de bon. String Driven Thing se reformera sous la houlette de Chris Adams à plusieurs occasions : en 1991, 2001 et 2007 (avec un nouvel album à la clé : « Moments of truth »).

Grande nouvelle : l’édition de « The machine that cried » proposée ici par Esoteric Recordings respecte l’édition originale telle qu’elle aurait dû être conçue au départ puisqu’on retrouve enfin ce formidable morceau « River of sleep », lent, angoissé et prenant, avec un violon qui vous fout la trouille pour le compte. En outre, trois bonus sont intégrés, à savoir le 45 tours « It’s a game/Are you a rock ‘n’ roller » (sorti en 1973) et la face A « I’ll sing this one for you » datant de 1974. Une excellente raison de découvrir un de ces nombreux groupes sous-estimés d’une époque décidément très riche.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2346
Sortie: 2012/09/24 (réédition, original 1973)

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