CD/DVDChroniques

KOPEK – White collar lies

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

L’histoire de Kopek est un peu étrange. Ce trio irlandais a été fondé en 2002 et son premier album ne débarque que cette année. De deux choses l’une : soit un groupe qui a mis dix ans pour réaliser un album est d’une maladresse crasse pour écrire et se faire promouvoir auprès d’un label, soit il a tellement voulu bien faire les choses qu’il s’est perdu dans le détail. Pour Kopek, ce n’est pas tout à fait dans ce schéma que l’on peut situer le groupe.

Dan Jordan (chant et guitare), Brad Kinsella (basse) et Shane Cooney (batterie) auraient plutôt été du genre à prendre leur temps mais ont également bien mené leur barque au point de récolter victoire sur victoire lors d’innombrables concours de par le monde, ce qui leur a apporté de l’argent et des opportunités de tournées, tout en évitant la fameuse case album. Les Dublinois ont d’abord formé un groupe du nom de Bloom avant d’opter pour Kopek, ça vaut ce que ça vaut.

Mais à force de devenir le plus primé des groupes de concours, Kopek a tranquillement passé les années 2002 à 2009 à rivaliser avec des concurrents avant de s’apercevoir, zut alors, qu’un groupe de rock digne de ce nom est avant tout un groupe qui doit faire des albums. C’est finalement le label dublinois Religion Music qui signe Kopek pour une série de disques. Le premier album est mis en chantier en 2010 et sort aux États-Unis en forme digitale sous le nom de « White collar lies ». La tournée qui s’ensuit rapporte quelques lauriers puisque le single « Cocaine chest pains » termine dans les charts américains à la 25e place et vient chatouiller le hit-parade canadien à la 9e place.

Après avoir été finalement ressorti sous forme physique en 2011, l’album « White collar lies » sort sur le marché européen en 2012. Sept ans pour arriver à un contrat discographique, trois ans pour commercialiser un premier album : la notion du temps chez Kopek est différente des paramètres terriens traditionnels.

Par contre, là où Kopek va aller très vite, c’est qu’il va réussir à enthousiasmer l’auditeur, le faire douter et finalement le décevoir en un seul album. Là où des groupes mettent trois albums avant de devenir moins excitants, Kopek réalise tout ça en un seul jet, entre le début et la fin du disque. Au moins, il va droit à l’essentiel, pas de perte de temps, c’est ce qu’on appelle l’esprit de synthèse.

On démarre donc avec un titre faramineux, époustouflant, renversant, le pas tout à fait excellent mais presque « Love is dead ». Gros mid-tempo dansant ; plafond bas de la basse et guitare accrocheuse, servant un chant rebelle de galopin échappé de l’internat. Le groupe évoque tout ce qui est mort (le rock, le ska, la cocaïne, Janis Joplin, entre autres…) et place ses propos sous l’air d’une nostalgie violente et désabusée. Le climat bien pesant et tendu persiste sur « The easy way » et le magnifique « Cocaïne chest pains », à mi-chemin entre Marilyn Manson et Mötley Crüe.

Le navire semble bien lancé mais une première avarie survient avec « Fever », petite ballade à forte teneur en guitare, faisant penser à du Led Zeppelin frelaté ou du Texas contrefait. Les machines continuent de se gripper avec « White collar lies », autre ballade bien pleurnicharde qui égrène des propos politiques d’une totale immaturité, de quoi faire passer U2 pour des génies. Les mêmes U2 réapparaissent en filigrane sur le mièvre « Running scared », sorte de « With or without you » accouplé de force avec du Cranberries. Pas de doute, le navire est en mauvais état et commence à donner de la gîte. L’eau envahit peu à peu les coursives mais l’équipage Kopek parvient quand même à retarder le naufrage inéluctable avec encore une ou deux bonnes bouées de sauvetage (« Love sick blues », un « Bring it on home » n’ayant rien à voir avec le morceau de Led Zeppelin). Mais le reste des morceaux pèse trop lourd dans le domaine de l’ennui et du passe-partout et finalement, ce « White collar lies » finit par rejoindre les grands fonds où gisent quantités d’albums peu originaux ou trop parfaitement taillés pour les radios américaines.

Pas vraiment imbuvable mais plutôt amer en oreille, ce premier album de Kopek est trop policé pour être vraiment dangereux et a la fâcheuse caractéristique de se terminer sur un dernier quart de chansons sirupeuses destinées à séduire les midinettes de l’Ohio. Un peu plus de conscience rebelle et européenne ne fera pas de mal sur un éventuel deuxième album (vers 2018 ?).

Pays: IE
Another Century
Sortie: 2012/05/28

Laisser un commentaire

Music In Belgium