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INERTIA PILLS – Behind the skyline

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Il arrive que les rockers français se souviennent qu’il existe à la frontière nord de l’Hexagone un petit pays où une certaine partie de la population parle français, ce qui fait que certains groupes français pensent de temps à autre à nous envoyer leurs productions dans le but de se faire connaître outre-Quiévrain. Il arrive également que ces disques apparaissent en Belgique avec un certain temps de retard par rapport à leur sortie en France. C’est le cas de ce premier album d’Inertia Pills, sorti en octobre 2011 sous forme digitale et rendu disponible en format CD au printemps dernier.

Face à la qualité de ce premier opus, il n’était que justice de le diffuser, même en retard. Et on rattrapera bien le temps perdu de façon naturelle à l’écoute d’un post-hardcore à la fois orageux et maîtrisé de la part de ce quatuor parisien fondé en 2007. Will (basse), Olivier (batterie), Julien (guitare) et Seb (chant et guitare) explorent ici une route ouverte par leurs prédécesseurs Isis, Mastodon, Tool, At The Drive-In, Oceansize, Converge ou Refused mais apportent leur touche personnelle ainsi qu’une domination raisonnée d’éléments furieux et de tempête sonore.

Leur album « Behind the skyline » démarre à la manière d’une fusée s’arrachant de la gravité terrestre, avec « Atomic view motel ». Dix kilotonnes de poussée lancent ce premier titre puissant et rude, marqué par un chant éraillé et épileptique, à peine calmé par des lignes mélodiques de guitares en contrepoint par rapport à la rage ambiante de la rythmique. L’association entre le corrosif et le plus fin décelable dans ce premier titre fait soupçonner l’existence chez Inertia Pills d’une certaine schizophrénie. Ceci est confirmé par « Behind the skyline » qui commence, à la différence du précédent, tout en douceur avant de monter peu à peu vers une tornade d’électricité angoissée, toujours ramenée à temps vers des sentiments plus rassérénés par une section rythmique d’une étonnante maîtrise.

La maîtrise est ce qui caractérise en effet cet excellent premier album de cette formation parisienne qui, avec des groupes du calibre de The Prestige ou Inside Project, est en train de mettre la scène hardcore/postcore hexagonale sur des rails solides. « Behind the skyline » se poursuit sur un ton tout aussi prometteur avec « Raindrops », progression continue vers un tumulte inextinguible, avec guitares en poussée constante et montée insatiable vers un climax tendu et désespéré. On frise de peu l’apoplexie grâce à un palliatif mélodique qui termine le morceau, juste à temps pour apprécier un « Vacuity » oscillant entre dévastation et grâce. « The Hangman in the mirror » est une charge de cosaques tous sabres dehors, prêts à faucher les jarrets en pleine course. Près de huit minutes de tirs à bout portant, sauvagerie garantie. Et avec ses neuf minutes, le titre final « Looking for answers in ruins » délivre ce que l’on attendait : le calme après la tempête, l’espace cosmique après le combat terrestre. Le groupe prend le temps de poser des atmosphères alanguies avant de refaire partir une formidable machinerie rythmique tout en force vers des climats dramatiques tutoyant le ciel.

Coup d’essai, coup de maître, comme on dit. Inertia Pills vient de rejoindre la caravane des prétendants à l’excellence postcore. À suivre…

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2011/10/01

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