RESERVE DE MARCHE – The last twenty years
Voilà un nom de groupe peu banal. Reserve de Marche tire en effet son nom d’un terme d’horlogerie. Vous vous coucherez un peu plus cultivés ce soir en apprenant que la réserve de marche est, je cite, « le temps que peut continuer à fonctionner le mécanisme d’une montre mécanique sans que celle-ci ne soit remontée ou portée, pour les montres automatiques. Le terme ne s’applique qu’aux montres tirant leur énergie de la tension d’un ressort par opposition à celles fonctionnant à l’aide d’une pile ». Voilà ce que nous apprend Wikipédia sur la réserve de marche. Mais ce même site reste muet quand il s’agit de nous apprendre qui est le groupe Reserve de Marche, car ce dernier est encore logé dans les sphères du confidentiel.
D’après le nom, on aurait pu croire que Reserve de Marche était un groupe suisse, ou une formation originaire de Marche-en-Famenne, mais non, ce combo est en fait un trio moscovite, fondé en 2010 dans la capitale de la très sainte Russie. Le groupe est mis en place par le guitariste Alexander Alekseev, qui est un vieux routier de la scène rock russe depuis plusieurs années. Avec ses complices Dmitry Pomogaev (batterie) et Andrey Bagdasarov (basse), Alekseev met au point ici un rock instrumental solide et charpenté faisant intervenir divers styles, entre progressif, shoegaze, post-rock et sludge atmosphérique.
Le trio est avant tout composé, ça se sent, de musiciens et pas de pop stars exhibitionnistes ayant un œil rivé sur le bilan des ventes d’albums et l’autre sur le popotin généreux de l’attachée de presse. Les types jouent, développent des atmosphères toujours marquées par la rigueur du solfège et la mécanique du rythme. On peut rapprocher leur musique de formations métallico-progressives comme Dream Theater ou Porcupine Tree, sauf qu’ici, il n’y a pas de chanteur. Ce sont des musiciens, on vous dit, donc pas de chanteur, que des instrumentistes.
Les sept titres de l’album déploient des atmosphères complexes et électrifiées sur une moyenne de sept minutes par morceau. Techniquement, c’est parfait, et même émotionnellement aussi. Mais on ne trouvera ici rien qui n’ait déjà été découvert. On reste donc dans le classicisme le plus marqué et dans une qualité qui ne décevra personne. Pour l’innovation, c’est autre chose, mais Réserve de Marche fait montre de suffisamment de maîtrise et d’expertise musicale pour néanmoins livrer ici un album convaincant et agréable.
Pays: RU
MALS 387
Sortie: 2012/05/15