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TRANSMONTANE – Staring back at you

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Ryan Duncan est l’individu qui se cache derrière ce projet Transmontane. Il est aussi connu pour avoir fondé le label Sick Room Records à Chicago. C’est d’ailleurs le label de Ryan Duncan qui sort le disque de Ryan Duncan, selon le vieil adage que l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Et c’est là où le bât blesse, car cela permet à n’importe quel quidam de sortir de nos jours n’importe quel disque qui risque fort de trouver son chemin chez un disquaire et être acheté malencontreusement par un client distrait ou mal informé.

La médiocrité de cet album fait regretter le temps où il y avait une industrie du disque, avec des maisons de disques qui employaient des chasseurs de têtes, qui recherchaient de nouveaux talents et filtraient les démos qu’on leur envoyait pour garder les bonnes et écarter les mauvaises. Aujourd’hui, il n’y a plus de chasseurs de têtes et le premier venu équipé de ProTools et d’un petit studio bricolé peut enregistrer, mixer et produire un disque et le diffuser par l’Internet. Il n’y a donc plus aucun système immunitaire qui permette d’échapper à des productions indignes.

L’idée de Ryan Duncan a été de s’installer derrière un micro avec une guitare électrique au son et à l’amplitude minimaliste et de pondre onze titres de folk indie très lo-fi qui ont la malheureuse particularité de tous se ressembler rigoureusement. Mêmes accords, même voix traînante, même rythme lent et anorexique et même durée : Duncan a passé une idée unique dans une gigantesque photocopieuse et a sorti onze titres clones, que certains optimistes ont comparé à du Neil Young et que les plus réalistes rapprocheront des morceaux les plus intimistes et mollassons de Pearl Jam dans les années 90.

Nous avons ici du soporifique, du morphinique, des piqûres de mouches tsé-tsé administrées en seringues géantes, des attaques d’escadrilles de marchands de sable larguant leurs cargaisons gigantesques à partir de soutes béantes de bombardiers quadrimoteurs en plastique mou. Et ce n’est pas la reprise du « I (who have nothing) » de Ben E. King qui va venir recoller la vaisselle. Ce hit universel est traité de la même façon que les compositions originales et devient donc ennuyeux comme la pluie. Ce Ryan Duncan serait capable de nous faire pleurer même en reprenant des chansons paillardes ou les succès les plus imbibés du Grand Jojo.

Pourtant, prises une par une, les chansons de Transmontane comportent ce qu’il faut de dramatisme et de mélancolie. Mais lorsque la formule se répète à l’identique onze fois de suite, il faut malheureusement conclure soit au je-m’en-foutisme le plus flagrant soit à une absence manifeste d’inspiration. On aurait aimé aimer mais il y a décidément ici trop d’obstacles.

Pays: US
Sick Room Records
Sortie: 2012/09/17

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