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VERSE – Bitter clarity, uncommon grace

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Ce combo hardcore qui sévissait depuis 2002 dans la région de Providence aux États-Unis (état de Rhode Island) avait réussi à se faire une réputation flatteuse dans les milieux spécialisés. Sean Murphy (chant), Eric Lepine (guitare), Zak Drummond (guitare), Chris Berg (basse) et Shawn Costa (batterie) s’étaient fabriqué un noyau de fans dévoués avec les dents, allant convertir les rebelles l’un après l’autre, au cours de concerts explosifs et hargneux aux quatre coins des États-Unis.

La formule hardcore de Verse, mélange équilibré de riffs brutaux et d’un chant néanmoins soucieux d’une certaine mélodie, avait pu faire son chemin à travers des disques n’ayant rien à envier à la concurrence de leurs contemporains. Ainsi, « Rebuild » (2005), « From anger and rage » (2006), « Aggression » (2008) étaient devenus des tables de la Loi pour bon nombre d’amateurs hardcore désireux de voir un genre ultra-codifié évoluer un peu vers la diversité sans tomber dans le galvaudage.

Et puis en 2009, pour des raisons sans doute futiles, Verse raccroche les gants et se retire du front. Fort heureusement, ce hiatus ne dure que le temps de deux étés et Verse est déjà reformé et fringant en 2011, prêt à ressortir les automitrailleuses et reprendre la bagarre. Son nouvel album « Bitter clarity, uncommon grace », dont le titre quelque peu alambiqué annonce déjà de la nuance, sort sur le label Bridge Nine qui a récupéré Verse dans son giron et a procédé à une réédition de son précédent album « Aggression« .

Violence digne et revendication grave sont les mots qui viennent à l’esprit à l’écoute de ce nouvel album, qui déroule en une douzaine de titres ce qui fait la philosophie du hardcore : la dénonciation d’une société bancale et inégalitaire, gangrénée par la maladie de l’argent et le cynisme de la manipulation. Les hommes de Verse attaquent ouvertement sur les premiers titres (« The selfish of the Earth », « The selfless of the Earth », « The silver spoon and the empty plate ») avant d’avoir la bonne idée de délayer leur musique dense et puissante grâce à des petits passages planants qui reviendront régulièrement au cours de l’album (« Segue one », « Segue two », « Segue three »). Ces intermèdes interviennent d’ailleurs au bout de quatre morceaux pour le premier, trois pour le second et deux pour le troisième, avec un dernier morceau avant la fin de l’album, justement appelé « The end of all life ». Cette construction logique se basant sur une numérotation descendante saura attirer l’attention des amateurs de symboles. Pour ce qui est de la suite de l’album, notons des morceaux accrocheurs comme « You and I are the fortunate ones », « Oceanic tendencies », qui coexistent avec des moments un peu plus calmes mais toujours empreints d’un drame ambiant.

Cet album de reformation échappe au piège classique des albums de reformation, c’est-à-dire un manque de conviction et une certaine rouille après une période d’inactivité. Mais après tout, il s’est passé entre la dissolution et la reformation de Verse beaucoup moins de temps qu’entre deux albums de Metallica ou AC/DC, des groupes qui ne se sont jamais séparés. Dire que « Bitter clarity, uncommon grace » est l’album d’une certaine maturité ne manque pas de sens et Verse suscite ici suffisamment d’intérêt pour qu’on se mette à spéculer positivement sur l’avenir du groupe.

Pays: US
Bridge Nine Records
Sortie: 2012/07/16

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