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DROPBUNNY – IO

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Dropbunny, derrière ce nom idiot qui irait très bien à une pom-pom girl écervelée se cache un des meilleurs groupes australiens du moment. Attention, quand je dis rock australien, je ne parle pas ici de ces bons vieux groupes binaires du type AC/DC, Rose Tattoo ou The Angels, ni même des plus commerciaux Midnight Oil ou Men At Work. Avec Dropbunny, on touche à de l’incroyable, du survolté et du visionnaire en matière de post-hardcore truffé de touches expérimentales et pris à la gorge par des angoisses existentielles qui feraient passer Joy Division pour l’orchestre du cirque Bouglione.

Pas drôles en effet, les Dropbunny, qui signent ici leur deuxième album, un « IO » de dix-huit titres (eh bien, dîtes donc !) qui fait suite à leur premier opus « Hypothesis ». Ce premier disque a obtenu d’excellents résultats dans les circuits underground australiens où, à force d’être vendu à la sortie des concerts et chez les petits disquaires indépendants, a fini par atteindre les 1500 exemplaires écoulés, ce qui est tout simplement prodigieux pour un combo souterrain comme Dropbunny.

Le groupe, composé de sept musiciens (eh bien, dîtes donc encore une fois !) est à peine sorti de son Australie natale mais a quand même tenté une excursion aux Amériques, où il a fait forte impression chez les quelques dizaines de spectateurs qui l’ont vu sur scène.

Avec « IO », on ne peut qu’espérer une amélioration de la zone d’influence du groupe, tout simplement parce que celui-ci réalise ici un album époustouflant, dévastateur, inquiétant, tendu, écorché vif et redoutablement technique. Trois chanteurs sont sur le coup, ce qui permet un ratissage plus qu’impressionnant des registres vocaux, entre hurlements incendiaires, plaintes gémissantes à la Korn ou à la Smashing Pumpkins et murmures inquiétants. Et surtout, il y a cette section rythmique bouillie au chaudron, dominée par une basse élastique aux possibilités insoupçonnées. De petits interludes électroniques sortis de laboratoires chimiques abandonnés viennent passer entre des morceaux aux titres parfois alambiqués (« Portrait of a young man as a shithead », « The nightmare from which you cannot awake », « Pentagonal plywood prison », « The architecture is wrong », « There’s nothing here and it screams »).

La rage hardcore domine la majorité des propos mais rien n’est linéaire chez Dropbunny. Un break, un changement de tempo, un ajout de grincement électro quelque part dans un coin et voilà que leur boucan devient soudain progressif, éclaté, décortiqué de tous côtés. On notera aussi quelques longs morceaux (six à sept minutes) qui permettent de construire des ambiances dépressives (« Gimpman cometh ») ou reprendre espoir le temps d’une construction un peu plus classique que les autres (« Pentagonal plywood prison », attaqué à plusieurs reprises par des accès de furie incontrôlée). Le titre final « There’s nothing here and it screams » achève le disque dans un apogée qui était évidemment prévisible, vu le niveau de folie imaginative qui avait régné jusque-là.

Volez-le, faites-vous-le offrir, achetez-le avec un paquet de lessive le cas échéant, écrivez au Père Noël, commandez-le sur Internet ou directement chez le beau-frère du guitariste par lettre recommandée, mais procurez-vous par tous les moyens cet excellent « IO », solution définitive à la perte d’inspiration qui a frappé Marilyn Manson.

Pays: AU
Auto-production
Sortie: 2012/08/06

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