ZULUS – Zulus
Les Zoulous, peuple fier et conquérant d’Afrique du Sud qui défia la puissante armée anglaise en 1879, pour la battre un jour et se faire battre le lendemain. On ne sait pas si les Zulus de New York ont adopté ce nom en hommage à la bravoure et à l’esprit de sacrifice des Zoulous, qui n’ont pas hésité à se battre face à un ennemi supérieur en nombre. Mais en tout cas, les plans de conquête des Zulus, petit groupe post-garage ou post-punk parti défier les gros éléphants du rock business d’une Amérique bien-pensante, font un peu penser à cette inconscience et à ce courage. Si le pot de terre des Zulus se casse un jour contre le pot de fer du système, il y aura quand même quelques éclats qui voleront et égratigneront les consciences.
Formé à New York en 2010 autour de Daniel Martens, Aleksander Prechtl, Jeremy Scott et Julian Benett Holmes, les Zulus ne s’embarrassent pas de finesse et s’enfoncent dans la découverte ou la redécouverte d’un rock dur, entre hardcore intello et punk sidérurgique. Martens et Prechtl avaient notamment évolué dans des groupes postcore de la baie de San Francisco, du nom de Battleships ou Prisms. Installés à New York, ils fondent les Zulus avec le souci de faire progresser leur genre de prédilection vers quelque chose de plus subtil, si l’on peut employer ce mot. Un premier EP quatre titres, « Kills Gemini dead », sort en 2011 et présente la structure de base du style Zulus : brutalité stylée, rythmique simple et plombée, aboiements arrogants. Aleksander Prechtl tient la batterie mais il n’a pas une expérience très poussée en la matière, ce qui aboutit à des soubresauts tribaux et primitifs qui compensent la technique déficiente par une rage et une énergie prenantes.
C’est le même principe que l’on retrouve sur « Zulus », un premier album qui ne s’embête pas avec les fioritures puisqu’il développe huit morceaux en un peu moins de 23 minutes. On est ici à la limite du EP mais pas vraiment dans un album très fouillé. Cela suffit néanmoins pour capter la rage brute du groupe qui exploite, consciemment ou inconsciemment, les aspects les plus rebelles de ce qui fit le post-punk à la fin des années 70. On y trouve en effet du chant à la Siouxie & The Banshees ou à la Public Image Limited, des charges de rythmiques brutes et froides à la Killing Joke et cet esprit chaotique mais maîtrisé qui a permis au punk explosé trop vite de muter en un genre plus stable mais cependant toujours menaçant.
Ces huit titres vous roulent dessus avec colère et entrain et, de « By night and spear » à « Death in the current » en passant par « To die » ou « Blackout », les Zulus assènent ce qu’il faut d’excitation sonore, de révolte braillarde et de martèlements hypnotiques et malsains pour recevoir le brevet de restaurateurs du post-punk dans un monde qui a encore besoin de ce genre de provocation pour ne pas perdre la tête dans une normalité abrutissante.
Pays: US
Aagoo AGO 050
Sortie: 2012/07/12