MANDRAKE – Zarastro
Les Italiens de Mandrake sont des gens cultivés. Le nom de leur groupe fait référence au fameux magicien de la bande dessinée de Lee Falk qui a fait les beaux jours de la jeunesse des années 50 et 60 (et qu’il faudrait remettre à l’honneur au cinéma, par exemple, ça changerait de toujours les mêmes niaiseries avec des super-héros). Quant au nom du premier album, c’est un clin d’œil au sorcier de « La flûte enchantée » de Mozart (soit dit en passant pour ceux qui auraient des trous de mémoire).
Un magicien et un sorcier vont-ils nous emporter dans le fantastique, dans l’heroic fantasy ou le heavy metal épique ? Pas du tout, Mandrake nous soumet un folk rock raffiné et optimiste, servi par une belle brochette de musiciens qui savent manier leur instrument. Giorgio Mannucci (chant et composition), Stella Sorgente (contrebasse), Asita Fathi (violon), Mauro La Mancusa (trompette, guitare et piano) et Dario Gentili (batterie et percussions) ont déjà une certaine expérience du métier de musicien. Asita Fathi a fait partie de l’orchestre du chanteur pop Francesco Renga et Stella Sorgente est membre du European Union Youth Orchestra ainsi que de l’Ensemble du Festival Puccini.
De solides fragrances classiques viennent se mêler à une musique foncièrement folk directement sortie de la plume de Giorgio Mannucci. Ce dernier a beau être Italien, il semble être né dans la banlieue de Manchester, tant son style sonne anglais. On peut y voir des similitudes avec des folkeux anglais contemporains comme Mumford & Sons et même des réminiscences d’auteurs classiques du genre comme Donovan (« You’re not here »). Je parlais plus haut d’optimisme, mais cet optimisme est surtout présent dans la musique du groupe, car les paroles écrites par Giorgio Mannucci sont au contraire peu porteuses d’espoir. On y trouve les thèmes de la guerre, de l’armement, de l’arrogance, de la confusion, mais tout ceci est inséré dans un écrin musical primesautier et détendu. Par souci d’ironie, sans doute.
Il ne reste plus qu’à apprécier les sonorités quasi sud-américaines de « Time », les vocalises presque mancuniennes du chanteur sur « I’m so confused (part II) », soulignées par un violon très automnal, ainsi que les paroles poétiques de « Soft temple ». La conclusion s’impose d’elle-même : Mandrake réalise un premier album très convaincant dans le genre folk, au classicisme rassurant.
Pays: IT
For Ears Records
Sortie: 2012/06/26