ANGE – Moyen-âge
42 ans après la fondation du groupe et 40 ans après la sortie du premier opus « Caricatures », voici « Moyen-âge », un album qui prouve que ce géant du rock français est toujours bien vivant. Le précédent, « Le bois travaille, même le dimanche« s’était révélé un tout grand opus de Ange. Qu’en est-ce de cette nouvelle livraison ?
Tout d’abord, un changement de line-up. Caroline Crozat a quitté le navire après dix années passées à son bord. Ensuite, on est frappé par le somptueux digipack et son livret aux nombreuses illustrations agrémentées des commentaires de Christian Décamps, le dinosaure et membre fondateur de la formation. Il n’a pas perdu sa verve. On pourra en profiter pleinement en parcourant le livret et les paroles tout au long de l’écoute.
L’album se divise en deux parties. Le premier tiers est consacré à quatre chansons. La mort guette. C’est elle la « Tueuse à gages ». Rendez-vous est pris avec « Le premier arrivé attend l’autre ». L’album commence fort ! Ensuite, ils s’attaquent à la mal bouffe et à la pollution avec « Opéra-bouffe ou la Quête du Gras ». Non, le CO2 n’est pas un gaz hilarant… dommage ! Admirez au passage l’illustration révélatrice ! Pour terminer cette première partie, on trouve « Les mots simples ». Ce retour à la simplicité est louable, mais les arrangements sont un peu pesants pour cette chanson simple, sans trop d’intérêt.
Les deux autres tiers de l’album sont en fait composé d’une seule pièce en 8 actes nommée « Moyen-âge ». Plus de 50 minutes ! Le thème est consacré à notre Monde à la dérive qui prend le chemin du moyen-âge. C’est la décadence de la civilisation humaine, creusant le fossé entre luxure et précarité. Cela débute comme une marche funèbre, sombre donc. La révolution gronde sur « Un goût de pain perdu ». Il y a de plus en plus d’exclus. Que va-t-il se passer si on persiste dans cette direction ? Une référence aux indignés ? Mais où sont nos rêves ? « Camelote » botte en touche les références qui nous enferment. « Le cri du Samouraï » condamne les idéologies religieuses et politiques où couve la violence. Les riffs sont acérés, telle la lame du sabre du Samouraï. « À la cour du Roi Nombril » est un pamphlet contre la racaille en col blanc, les salaires mirobolants et les parachutes dorés, un titre d’une grande intensité correspondant au drame qui se joue. La fin sera mélancolique. L’enivrant « Les clés du harem » démontre que Christian est toujours le champion des jeux de mots. « Je ne suis pas de ce monde » marque le rejet et postule pour le rêve. Sublime solo de Hassan Hajdi. Sa sensibilité exacerbée ponctue ce titre. « Entre les gouttes », c’est un peu leur « Sound Of Silence ». Chanté par Tristan Décamps, on s’émerveillera devant la finale vraiment poignante. Enfin, cette pièce magistrale se termine par « Abracadabra ». Cette finale vous filera les frissons tant l’intensité est grande dans le ventre de l’imaginaire.
« Moyen-âge » est un album qui ravira les fans de ce groupe légendaire. Pour eux, il est même indispensable. Il s’inscrit parfaitement dans la continuité du précédent opus. Aussi, si vous aimez ce groupe, n’hésitez pas un instant !
Pays: FR
Art Disto ART 6/1
Sortie: 2012/05/21