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FATHER MURPHY – Anyway your children will deny it

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Malgré son nom anglais, Father Murphy vient d’Italie, où il opère depuis une dizaine d’années dans la région de Trévise, en Vénétie. Mais plutôt que d’évoquer l’Italie du bel canto, des gondoles pour amoureux et des mandolines légères et insouciantes, Father Murphy est plutôt du genre à nous plonger en pleine banlieue industrielle anglaise un soir d’automne pluvieux.

Freddie Murphy (guitare, chant, aussi connu sous le nom de Reverend Murphy), Chiara Lee (claviers, chant, percussions, clochettes et tout autre instrument émettant des sons bizarres et distordus) et Vittorio Demarin (batterie, violons, chant et plaintes diverses) tripatouillent dans un registre avant-folk, post-punk, quasi religieux et accessoirement traditionaliste chinois et ont eu l’occasion de sortir le monde libre de l’ignorance avec leurs albums « Father Murphy » (2001), « Six musicians getting unknown » (2005), « … And he told us to turn to the sun » (2008) et « Brigadisco’s case # 6 » (2011).

Aujourd’hui, c’est leur « Anyway your children will deny it » (encore un titre à rallonge) qui vient coiffer la discographie de Father Murphy et qui est présenté par leur label comme le plus accessible à ce jour. C’est bien de prévenir, car je n’ose imaginer alors ce qu’ont pu être les albums précédents. L’accessibilité du nouvel album de Father Murphy nécessite en effet une ouverture d’esprit digne du bouddhisme et une expérience d’audition de la musique expérimentale anticommerciale et bruitiste qui doit au minimum remonter aux travaux de LaMonte Young dans les années 50.

L’inspiration de Father Murphy repose essentiellement sur la vie, la mort, l’amour, la religion et encore la mort. On ne rigole pas vraiment sur un album de Father Murphy et les sonorités semblant venir d’une boîte à chaussures bricolée avec des cordes de guitare sur « How we ended up with feelings of guilt », premier morceau d’une série de huit, posent immédiatement l’ambiance : décalage, angoisse sonore et morbidité sont les concepts qui vont régir le disque. L’expérience se poursuit avec d’autres morceaux aux titres tout aussi fumeux et compliqués à retenir, comme « His face showed no disortions », « It is funny, it is restful both came quickly » ou « Don’t let yourself be hurt this time ». Au fur et à mesure que l’on pénètre dans ce court album d’à peine une demi-heure, on s’enfonce dans de lugubres mélopées qui feraient passer un office funéraire pour un concert d’Offspring ou de Blink-182. Des ravages malsains (« It is funny, it is restful both came quickly ») précèdent des nappes anémiques d’accordéon sur lit de percussions chétives (« Diggin’ the bottom of the hollow ») qui laissent elles-mêmes la place à de la grande pompe (« In praise of our doubts ») ou des litanies cérémonieuses ralenties et fatiguées (« Their consciousness »). Grandes orgues chaotiques (« In The flood with the flood ») et comptine binaire neurasthénique (« Don’t let yourself be hurt this time ») viennent achever un voyage d’une originalité certaine, mais qui va décontenancer les amateurs de disco vintage ou les fans de David Guetta (sans parler des experts en rock néo-progressif qui ont déjà abandonné cette chronique depuis longtemps).

Pays: IT
Aagoo Records
Sortie: 2012/03/01

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