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SANTANA – Shape shifter

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Si l’on excepte l’album de reprises « Guitar heaven » de 2010, on n’avait plus eu droit à un nouveau disque original de Santana depuis sept ans, avec l’album « All that I am », qui avait d’ailleurs été assez décevant. Pour remonter à un album de Carlos Santana réellement convaincant, il faut se tourner vers le « Supernatural » de 1999, ce qui commence à dater aussi. Donc, voici de quoi relancer l’intérêt pour Santana avec ce nouvel album, entièrement fait de nouvelles compositions originales, hormis deux reprises de titres peu connus.

« Shape shifter » propose treize titres qui, à part « Eres la luz », sont des instrumentaux. Autrement dit, Carlos Santana va s’en donner à cœur joie tout au long de cet album, avec des résultats en demi-teinte, il faut bien le dire. En effet, « Shape shifter » ne parvient à convaincre qu’à quelques occasions. Ce n’est pas vraiment du fait des qualités musicales de Santana, dont la guitare est bien sûr toujours irréprochable, mais cela vient plutôt du sentiment d’un manque d’inspiration qui amène le guitariste chicano à recycler ses vieux trucs plus souvent qu’il ne faut.

Les choses démarrent confortablement et dans l’optimisme avec « Shape shifter », plage titulaire qui amorce le disque. La guitare et la rythmique nerveuse et fluide créent une intensité dramatique qui permet de rentrer dans l’album avec confiance. Le premier faux pas intervient dès le deuxième morceau « Dom », une reprise de Touré Kunda sur un rythme binaire morne et lent, rien de bien bouleversant pour un artiste comme Santana. Vient alors le morceau lumineux de l’album, l’impérial « Nomad », rock lourd costaud qui permet à Santana de sortir toutes sortes de fééries flamboyantes de sa guitare. Mais après ceci, il faudra s’enfoncer dans une vaste steppe faite de nombreuses ballades plus ou moins inspirées. Du côté des bons moments, citons « Angelica faith », typiquement santanien mais agréable, ou encore « Never the same again » (là encore, sympathique mais avec le taux d’imagination réduit au minimum syndical). « Macumba in Budapest » est particulièrement affreux, sonnant comme un orchestre afro-cubain de seconde zone animant une fête pour touristes idiots dans un Club Med des Caraïbes.

Les derniers moments de l’album relèvent un peu le niveau d’inspiration, notamment avec le seul titre chanté « Eres la luz » qui apporte bien plus de chaleur que les ballades instrumentales testées jusqu’ici par Monsieur Santana. Comme quoi, le tout instrumental trouve parfois ses limites, surtout quand Santana se tourne vers son style de routine qui a fait sa gloire mais qui n’a plus l’aspect révolutionnaire d’autrefois. Mais après tout, peut-on demander à Santana de faire autre chose que du Santana ? « Shape shifter » se termine sur une reprise du compositeur irlandais Michael O’ Suilleabhain, avec une douce ballade au piano et guitare, apaisante et suave.

Avec une petite moitié de bons titres (et encore, on est ici dans l’acceptable ou le sympathique mais sans plus), ce nouvel album de Santana ne marquera pas les esprits plus que ça. À conseiller en priorité aux fans du guitariste moustachu, mais ceux qui veulent découvrir ou redécouvrir Santana auront tout intérêt à se replonger dans ses œuvres de jeunesse des années 1968-72, ou dans le gigantesque « Live at the Fillmore 1968 ».

Pays: US
Sony Music
Sortie: 2012/05/15

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