AQME – Epithète, dominion, épitaphe
« Aujourd’hui le métal est aseptisé, et c’est chiant… Notre disque ne correspond pas aux standards actuels, il est sale, organique, comme dans les Nineties, à l’époque où il y avait encore des couilles dans le métal ». Cette citation extraite du site Internet d’AqME est à attribuer au batteur Etienne Sarthou, auquel nous laissons la responsabilité de ses paroles mais à qui nous ne pouvons pas nous empêcher d’adresser un petit coup de pouce car ce qu’il dit n’est pas tout à fait faux.
Les Parisiens livrent donc ici leur sixième album studio, un « Epithète, dominion, épitaphe » présenté par leur label comme toujours plus puissant et dans lequel ils ont tout donné. Ici aussi, ce n’est pas tout à fait faux. Ce nouveau disque se place effectivement dans la continuité des précédents, surtout « Hérésie » (2007) et « En l’honneur de Jupiter » (2009) qui avaient vu AqME quitter toujours davantage les sphères néo-metal dans lesquelles on daignait bien les classifier à leurs débuts.
Ce qui frappe d’emblée à l’écoute de ce nouvel album, c’est l’aspect sombre des paroles, la dureté du son et le caractère implacable des riffs et de la rythmique qui s’abattent sur l’auditeur comme une descente d’huissiers de justice au petit matin. Aucune chance d’en réchapper… Les musiciens d’AqME ont dû faire face lors de cet enregistrement à un événement choc : le départ de leur chanteur Thomas Thirrion, membre fondateur qui quitte la bande pour se tourner vers des activités dans le tatouage, son autre passion. Thomas assure néanmoins toutes les phases de l’enregistrement d’« Epithète, dominion, épitaphe » mais ne sera pas présent lors de la tournée qui suit actuellement la sortie de l’album. C’est dommage car la voix du chanteur était arrivée sur ce nouvel album à un point d’orgue, capable de semer de lourds et graves hurlements en conservant une ligne mélodique convaincante.
AqME a également changé de producteur sur ce nouvel opus, remplaçant Daniel Bergstrand (qui avait officié sur les deux derniers albums) par Magnus Lindberg (du groupe Cult Of Luna). Lindberg exécute ici une production compacte, lourde et étouffante, ce qui sied très bien à l’esprit des chansons, résolument pessimistes et interrogatives sur la validité de la condition humaine. Certains morceaux affichent des titres résolument élaborés, voire intellos (« Quelque soit le prométhéen (ou le nihiliste) », « L’empire des jours semblables », « La dialectique des possédés » ou le mystérieux « 110.587 »). Au milieu du tumulte sombre jaillissent quelques lueurs intéressantes et intelligentes, comme le brutal « Idiologie » qui démarre le disque, le mélodique et lourd « Epithète, dominion, épitaphe », le désabusé « L’empire des jours semblables », l’insensé « La dialectique des possédés » ou le rageur « Marketing Armageddon ».
Donc, tout ce qui a été dit ici est vrai. Le métal actuel n’a peut-être plus de couilles mais AqME en a gardé quelques-unes en réserve. Le nouvel album est puissant et on sent toute la générosité du groupe dans ces morceaux. AqME signe ici un album d’une très forte maturité et l’on ne peut qu’espérer que le départ de son chanteur historique ne coupera pas les jarrets du groupe en pleine course vers l’excellence.
Pays: FR
At(h)ome Records
Sortie: 2012/04/30
Malgré tout le respect que j’éprouve pour François dont j’apprécie au plus haut point le style d’écriture, je n’arrive pas à accepter sa phrase ‘Le métal actuel n’a peut-être plus de couilles’. Peut-être que mon collègue n’a pas écouté les bons disques.
Peut-être qu’étant lui-même français, mon collègue a voulu se sentir solidaire de ses compatriotes d’AQME.
Ceci dit, en passant, je trouve qu’un groupe qui a débuté sa carrière en faisant du NU Métal et qui estime que les nineties sont les plus productives en matière de métal est bien mal placé pour donner des leçons de testicules à qui que ce soit.