DANDY WARHOLS (The) – This machine
Avec près de vingt ans d’existence et un neuvième album cette année, les Dandy Warhols ne sont plus vraiment le groupe de petits jeunes ou le combo révolutionnaire du son des années 2000 que l’on décrivait dans les gazettes à l’époque. La formation de Portland traîne derrière elle des monceaux de mythes et de légendes. On se souvient du fameux documentaire Dig qui mettait en opposition les Dandy Warhols, les gentils gagnants, et le Brian Jonestown Massacre, les méchants perdants de la grande course vers les lauriers du vedettariat rock ‘n’ roll. Depuis, grâce à ce film, le Brian Jonestown Massacre est presque plus en vue que les Dandy Warhols, qui ont au cours du temps additionné les disques corrects mais loin de surmonter les excellents trois premiers albums de leur carrière.
On a l’habitude de classifier les Dandy Warhols dans le registre du néo-psychédélisme mais le groupe a visité bien des genres le long de son existence : garage psychédélique sixties sur son premier album « Dandys rule OK » (1995), shoegazing nineties sur leur deuxième album « The Dandy Warhols come down » (1997) et bien sûr le gros succès de « Thirteen tales from urban bohemia » (2000). À partir de ce moment, les Dandy Warhols ont cherché une diversification pas toujours bien calculée, comme l’ont montré des albums en demi-teinte comme « Welcome to the monkey house » (2003), « Earth to the Dandy Warhols » (2008) ou « The Dandy Warhols are sound » (2009).
On attendait donc la nouvelle livraison des Dandy avec inquiétude et impatience, afin de savoir si le groupe pouvait se refaire une santé et reprendre le trône qu’on lui avait offert sans trop rien dire il y a dix ans. Et il faut bien admettre que la réponse n’est pas très évidente. « This machine » est un bon album en soi, intéressant, varié, compétent. L’auditeur à qui on passerait les titres en blind test serait impatient de savoir quel est ce nouveau groupe qui se lance dans la compétition internationale mais qui pourrait soigner davantage son originalité. Et lorsque l’on dévoile le nom des Dandy Warhols, l’auditeur tombe des nues et se dit que le temps où le groupe avait avec lui la pertinence et la vision est bien loin.
Donc, on ne va pas tirer à boulets rouges sur ce nouveau disque des Dandy Warhols qui ont quand même réussi à mettre en lice une dizaine de morceaux oscillant entre rock nerveux (« Sad vacation », « Enjoy yourself »), épisodes dansants façon années 80 (« The autumn carnival »), punk cybernétique (« Alternative power to the people ») ou psychédélisme gracieux (« Don’t shoot she cried », « Slide »). Mais tout cet ensemble donne une impression de déjà entendu et sonne très impersonnel quand on le ramène sous la bannière des Dandy Warhols. Les titres occupant le milieu de l’album sont dans un cas encore plus préoccupant puisqu’ils semblent avoir été empruntés à d’autres groupes (le boogie binaire de bastringue « 16 tons », l’intro de guitare piquée à AC/DC sur « I am free », l’énergie très Vines de « SETI vs the wow signal » et même un « Rest your head » qui fait penser au Beta Band ou aux Crash Test Dummies, c’est vous dire). Le tout reste agréable mais est foncièrement générique et passe-partout, une sorte d’album de routine.
Alors, bientôt un Dig 2 avec la revanche du Brian Jonestown Massacre sur les Dandy Warhols ?
Pays: US
The End Records
Sortie: 2012/04/23
Concernant le morceu « 16 tons » il s’agit du reprise de Tennessee Ernie ford. Il existe également une autre reprise sur cet album. En l’occurence, le dernier morceau « Kiss Off », reprise des Violent Femmes.