ROBILLARD, Duke JAZZ TRIO – Wobble walkin’
Duke Robillard sait tout faire. Ce n’est pas à un musicien qui joue depuis plus de quarante ans dans le vaste monde du blues que l’on va apprendre quelque chose. Mais ce que l’on découvre avec ce « Wobble walkin' », nouvel album de Duke Robillard, c’est que le personnage est également allé creuser dans les arcanes du jazz pour nous proposer ici un disque de jazz plus vrai que nature.
Cet album révèle les préoccupations de puriste de Duke Robillard. Ce dernier avait déjà révélé son sens acéré de la précision musicale et historique dans son dernier album « Low down & tore up » qui explorait quelques reprises de blues particulièrement pointues, des trucs des années 40 et 50 qui semblaient avoir été oubliés par tout le monde. « Wobble walkin' » part du même principe mais s’enfonce ici dans le jazz, particulièrement celui des années 30 et 40 et celui dont les limites viennent frôler le territoire du blues. Car il faut bien se souvenir que le jazz et le blues viennent des mêmes eaux, ils sont la musique noire, celle des villes pour le jazz et celle de la campagne pour le blues. Il n’est donc pas étonnant de trouver une sphère commune entre ces deux genres, mise en valeur autrefois par des artistes comme Memphis Slim, Benny Goodman, Count Basie ou Billie Holiday.
Duke Robillard prend donc son casque d’explorateur et sa loupiote de spéléologue pour descendre au tréfonds de l’histoire du jazz et en ressortir avec quelques perles encore entourées d’une gangue blues. Afin de mieux mettre tout cela en valeur, Duke Robillard s’est entouré de deux complices sûrs qui opéraient déjà sur ses derniers albums « Passport to the blues » et « Low down & tore up » : Brad Hallen (contrebasse) et Mark Teixeira (batterie). La chanteuse Mickey Freeman fait une apparition sur « Gee baby, ain’t I good to you », seul morceau chanté de la sélection des treize titres de l’album.
L’album commence avec une composition originale de Duke Robillard, « Wobble walkin' », qui l’eut cru. Robillard signe aussi le dernier titre du disque, « Jesse’s blues ». Entre les deux, les reprises vont nous faire voyager dans le temps et dans une incontestable qualité. On trouve du Cole Porter (« You’d be so nice to come home to »), le « Gee baby, ain’t I good to you » du King Cole Trio, « I can’t believe you’re in love with me », enregistré par Billie Holiday en 1933, le standard « All of me » qui fit les beaux soirs de tous les big bands des années 40, et l’éternel « Back home again in Indiana », l’un des premiers morceaux de jazz à avoir été enregistré et dont les droits ont été déposés dès 1917 ! Côté esthétisme pointu, on continue de suivre les pas de Duke Robillard qui nous fait redécouvrir Mercer Ellington et son « Things ain’t what they used to be » et nous remémore la brillance et le génie de George Gerschwin sur « They can’t take that away from me ».
La guitare chatoyante et habile de Duke Robillard, le swing feutré et d’une précision suisse de la section rythmique, le talent de tout ce petit monde mettent en lumière ces morceaux de jazz bluesy aussi immortels que fabuleux. Du travail d’orfèvre qui trouvera une oreille attentive chez tous les amateurs de jazz et de blues, ainsi que chez les curieux qui seraient prêts à tenter l’expérience.
Pays: US
Blue Duchess
Sortie: 2012/04/23