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CACTUS – Do not kick against the pricks

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Pour faire court, Cactus est tout simplement un monument du hard rock des années 70. Les petits prétentieux qui pérorent dans les cocktails en affichant leur culture rock seventies à grand renfort de citations au sujet de Led Zeppelin, Deep Purple, Rolling Stones ou Humble Pie, pour vraiment jouer les esthètes, devraient apprendre à citer également Cactus s’ils veulent être pris au sérieux.

Résumons l’affaire. En 1969-1970 exactement, les États-Unis sont pris de court par une vague hard rock anglaise aussi imprévisible qu’irrépressible. Deep Purple défraie les hit-parades avec ses trois premiers albums, Led Zeppelin vole toutes les vedettes des shows où il se présente en tant que première partie lors de sa première tournée US en janvier 1969, Black Sabbath accroche immédiatement la première place des charts américains avec son terrifiant et éternel premier album éponyme début 1970. Que peuvent faire les Américains face à cette véritable gifle en provenance de la Perfide Albion ? Leur rock psychédélique a terminé de mourir dans le sang versé à Altamont en décembre 1969 et les illusions hippies perdues vont bientôt servir de vitrine anecdotique pour les touristes qui s’aventurent dans le quartier de Haight-Ashbury à San Francisco. C’est alors que surgissent des combos directement forgés dans l’acier le plus dur des villes industrielles du Nord-Est : les Stooges, Grand Funk Railroad ou Mountain vont à la fois inventer les prémisses du punk, riveter la soul music à grand renfort d’électricité sauvage et fonder les bases du heavy rock stoner. Dans cette contre-attaque en acier trempé, Cactus fait office de convertisseur du blues en bombe thermonucléaire hard rock.

Ce groupe a été fondé sur les ruines du légendaire combo Vanilla Fudge, qui reprenait sans vergogne des hits des Beatles ou de la soul music en les engluant sous des kilotonnes d’effets pesants et psychédéliques et à qui on doit quelques albums pas piqués des hannetons, dont le dernier « Rock and roll » de 1970 annonce déjà des sorties hard rock tout à fait alléchantes. Le batteur Carmine Appice et le bassiste Tim Bogert restent ensemble lorsque Vanilla Fudge disparaît en 1970. Ils ont l’intention de monter un super-groupe avec Jeff Beck, qui doit déclarer forfait à la suite d’un accident de la route le tenant éloigné des terrains de chasse rock pendant près d’un an. Qu’à cela ne tienne, les deux bonshommes montent une association de malfaiteurs avec Rusty Day (chanteur issu des mythiquissimes Amboy Dukes, mis en place par le fameux Ted Nugent en 1966) et Jim McCarty (qui cisaillait du riff blindé et soul chez les non moins mythiques Mitch Ryder & The Detroit Wheels). Deux new-yorkais et deux rejetons de la ville industrielle de Detroit donneront entre 1970 et 1972 un des groupes les plus irréductibles de la scène hard rock américaine, alors en pleine période classique. Leur blues dévastateur rehaussé par le jeu de batterie immense de Carmine Appice (un des plus grands cogneurs de tous les temps, à ranger aux côtés de John Bonham, Cozy Powell et Ginger Baker) et la technique de basse chirurgicale de Tim Bogert (concurrent direct de demi-dieux comme Jack Bruce, John Entwistle ou Phil Lynott) aboutit à des albums aussi illustres qu’impeccables : « Cactus » (1970), l’hallucinant et obligatoire « One way or another » (1971) et « Restrictions » (1971). Leur quatrième album « ’Ot ‘n’ sweaty » de 1972, mi-live mi-studio, révèle déjà des failles qui aboutiront à la dissolution du groupe, juste suivie par l’étrange « Sons of Cactus » (1973), un disque joué uniquement par des membres non-originaux du groupe.

Trente-cinq ans après la première mort de Cactus (au passage marqué par la véritable mort de Rusty Day, abattu en 1982 à l’issue d’un deal de drogue ayant mal tourné), Carmine Appice, Jim McCarty et Tim Bogert remontent le cheval de bataille et sortent un cinquième album justement appelé « V » en 2006. Ce disque met en lice un nouveau chanteur du nom de John Kunes, qu’on retrouve sur ce live intitulé « Do not kick against the pricks ». Enregistré au légendaire BB King’s Club de New York, ce double album révèle un show de Cactus reformé devant un public extatique. Ayant eu le privilège de voir un concert dans cette salle mythique, j’imagine bien l’ambiance. Cactus revisite en une quinzaine de titres (dont trois issus de l’album « V ») l’étendue de son fabuleux répertoire : « Let me swim », « One way or another », « Brother Bill », « OLEO », « Evil », « Parchman farm ». Tout est à tomber, assorti bien sûr de roboratifs solos de basse et de batterie signés Tim Bogert et Carmine Appice.

On ne sait pas très bien quand ce concert a été enregistré, l’édition proposée par le label Music Avenue restant muette à ce sujet. Mais il y a de fortes chances que ce gig ait été joué vers 2006 ou 2007, lors de la promotion de l’album « V ». Le son n’est pas extraordinaire, un peu bootleg, mais la puissance évocatrice générée par Cactus et son passé digne d’adoration ne laisse dans l’oreille que les grands moments liés à ce groupe de légende. Si ces mecs passent un jour dans un rayon de 500 kilomètres autour de Bruxelles, je vends père et mère pour m’y précipiter.

Pays: US
Rokarola Records / Music Avenue 250298
Sortie: 2012/02/27

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