BORKNAGAR – Urd
Et si le plus grand talent d’Øystein Garnes Brun était de savoir s’entourer ? Depuis qu’il a créé Borknagar en 1995, le guitariste norvégien a vu défiler la crème du métal extrême scandinave aux portes de son local de répétitions. De 1995 à 1998, des membres d’Emperor, Enslaved, Immortal, Gorgoroth, Arcturus, Ulver ont été impliqués à divers degrés dans son projet. « Urd » qui est la neuvième plaque estampillée du logo de Borknagar présente à nouveau un line-up légèrement remanié par rapport à son prédécesseur (« Universal » paru en 2010).
Et, si vous m’autorisez à partager un avis personnel (et tout à fait subjectif), la mouture 2012 de Borknagar est la ‘Dream Team Vocale’ absolue du métal extrême à tendance mélodique. Imaginez que le groupe réunit aujourd’hui trois de mes hurleurs préférés. À commencer par le Suédois Andreas Hedlund, mieux connu sous le pseudonyme de Vintersorg, qui se charge de tous les vocaux extrêmes (NDR : ce qu’il fait depuis l’album « Epiricism » paru en 2001) et de certaines parties de chant clair pour lesquelles il est secondé par le claviériste Lars Nedland aka Lazare dont les vocaux schizophrènes sont très appréciés par les amateurs du métal avant-gardiste de Solefald. « Urd » salue aussi et surtout le retour des vocaux opératiques (NDR : et de la basse) de l’incroyable Simen Hestnaes, alias ICS Vortex. Le géant norvégien, connu pour son travail avec Arcturus, avait déjà fait partie de Bork Nagar entre 1997 et 2000, mais il avait été obligé de quitter le groupe pour rejoindre Dimmu Borgir au début du millénaire. Il était revenu pousser la chansonnette il y a deux ans sur l’une des plages d’« Universal ».
En 1995, Bork Nagar était affilié à la scène black métal norvégienne. En 2012, nous n’en sommes plus vraiment là. Au fil des années, des albums et des changements de line-up, Brun a fait évoluer son projet vers une chimère improbable ; un monstre éclectique qui, sans quitter le territoire du métal extrême, flirte plus souvent qu’à son tour avec l’avant-gardiste, le symphonique et le progressif. Brun et ses sbires ne se refusent rien et ne semblent fixer aucune limite à leur inventivité : les trios de vocalistes et les chœurs grandiloquents se marient au chant extrême. L’orgue Hammond et la pédale Wah Wah côtoient le piano, le violon et les percussions. Les breaks acoustiques et les ponts symphoniques font place aux envolées de violence pure. Un véritable embrouillamini de sonorités modernes, classiques et d’influences seventies qui aurait très bien pu tourner à la cacophonie si Øystein G. Brun (qui s’est chargé lui-même de la production) n’avait pas eu l’excellente idée de faire appel à l’immense Jens Bogren (Opeth, Katatonia) pour finaliser le mixage d’« Urd » dans ses studios suédois (Fascination Street). Et le résultat est tout simplement bluffant. Chaque instrument, chaque note, chaque mot s’entendent distinctement et s’apprécient d’autant plus. Puissance, équilibre et dynamique, tout ici frise une telle perfection qu’à la fin de l’écoute il ne reste qu’un seul choix : réécouter encore et encore.
Nous venons à peine d’entamer le second trimestre de 2012 et je tiens déjà mon album préféré de l’année. Voilà qui devrait me permettre de tenir agréablement jusqu’à la fin du monde !
Les titres (53’03) :
- Epochalypse (6’07)
- Roots (5’55)
- The Beauty Of Dead Cities (4’15)
- The Earthling (6’51)
- The Plains Of Memories (4’27)
- Mount Regency (6’08)
- Frostrite (4’50)
- The Winter Eclipse (8’45)
- A Deeper World (5’42)
Le groupe :
- Øystein G. Brun : Guitares électriques et acoustiques
- Vintersorg : Chant extrême, chant clair et chœurs
- Lars A. Nedland : Claviers, chant clair et chœurs
- Jens F. Ryland : Guitare lead
- ICS Vortex : Basse, chant clair et chœurs
- David Kinkade : Batterie et percussions (session)
Pays: NO
Century Media
Sortie: 2012/03/26