TING TINGS (The) – Sounds From Nowheresville
Il n’aura fallu qu’un seul single aux Ting Tings (l’imparable « Great DJ ») pour attirer l’attention de la presse musicale spécialisée fin 2007. Quelques mois plus tard, ils vont récolter un succès phénoménal avec leur premier album, « We Started Nothing », qui se retrouvera N°1 du classement anglais une semaine après que « That’s Not My Name » ait connu le même sort du côté des singles. Leur électro pop spontanée apportait en effet une parenthèse rafraîchissante à un environnement dominé par les productions formatées des candidats issus des multiples émissions de téléréalité. C’était il y a quatre ans déjà.
Depuis, la chanteuse guitariste Katie White et le batteur Jules de Martino ont roulé leur bosse dans les salles de concerts et les festivals du monde entier tout en cherchant l’inspiration pour la suite de leurs aventures musicales. Mais visiblement, tout ne s’est pas passé de la manière la plus évidente qui soit, comme l’a notamment démontrée leur prestation au festival de Werchter en 2010 où ils n’avaient présenté aucun nouveau titre. Après un séjour à Berlin qui n’a finalement pas eu l’effet escompté (c’est de cette période que date le titre de travail de la nouvelle plaque, « Kunst », et le single isolé « Hands »), c’est finalement sous le soleil du sud de l’Espagne qu’a été mis en boîte « Sounds From Nowheresville », un deuxième album que l’on n’attendait plus.
Tout ça pour ça, serait-on tenté d’écrire… Car le duo originaire de Salford dans la banlieue de Manchester n’a pas vraiment révolutionné son style, comme le démontre notamment « Hang It Up », le single avant-coureur. Encore que, les parties de voix saccadées qui tendent vers le rap (que l’on retrouve également développées sur « Hit Me Down Johnny » aux paroles qui font rimer boxes et Speedy Gonzales) pourraient prétendre le contraire. À l’instar du jeu de guitare soigné qui fait merveille sur « Give It Back », un titre nerveux dont Soulwax aurait été fier et qui permet à Jules de Martino de pousser la chansonnette. Mais ne nous méprenons pas, la voix de Katie White, subtilement dosée entre scène de ménage et complicité sensuelle constitue toujours l’élément central des compositions. Prenez par exemple l’excellent et groovant à souhait « Soul Killing », qui n’aurait certainement pas la même saveur sans l’illumination vocale de la blonde.
Seulement voilà. Des moments comme celui-là ne sont pas légion sur cet opus qui plafonne à moins de trente-cinq minutes pour dix plages. Parmi les réussites, citons « Silence », le titre d’intro prometteur car orchestralement minutieusement travaillé et « One By One », une pépite électro très réussie. Le reste s’apparente malheureusement à du remplissage, comme le très r’n’b (!) « Day To Day » ou les dispensables « Help » et « Guggenheim ». En revanche, la plaque se clôture d’une manière aussi troublante que surprenante sous la forme d’un morceau anormalement calme dans leur chef (« In Your Life »), quelque part entre Hooverphonic et Portishead, hanté par un violon captivant. Un titre de toute beauté qui tranche avec l’effrayante pochette représentant les membres du groupe dessinés en morts-vivants. Ce dessin caractérise d’ailleurs parfaitement « Sounds From Nowheresville », un album au son duquel on aurait voulu vibrer davantage.
Pays: GB
Sony Music 88697763002
Sortie: 2012/02/24