NELSON, Bill – Luminous
Bill Nelson est connu des esthètes pour avoir animé au milieu des années 70 un groupe arty très doué mais aujourd’hui un peu sous-estimé, Be-Bop Deluxe. Chassant un peu sur les terres de David Bowie, Bill Nelson et son groupe ont réalisé de bien belles choses sur leurs albums « Axe victim » (1974), « Futurama » (1975), « Sunburst finish » (1976), « Modern music » (1977) et « Drastic plastic » (1978).
À partir de 1980, Bill Nelson se remet à son œuvre solo, qu’il avait commencée avec son premier album « Northern dream » en 1971. Enfermé dans sa maison de campagne du Yorkshire, l’homme va réaliser un nombre impressionnant d’albums, à un rythme encore aujourd’hui soutenu et une moyenne de quatre disques par an ! Vous allez me demander quel label, en pleine crise du disque, serait assez fou pour sortir un tel nombre d’œuvres de la part d’un musicien relativement confidentiel. Il s’agit tout simplement du propre label de Bill Nelson, Sonoluxe. Comme quoi, on n’est jamais si bien servi que par soi-même.
Parmi les 70 albums que Bill Nelson a réalisés sous son nom, il serait bien difficile de tirer un bilan général de son œuvre. Le label Esoteric Recordings peut aider dans cette tâche avec l’édition d’un gigantesque coffret de huit CD qui retrace une anthologie de l’œuvre de Bill Nelson. Nous n’allons pas entrer dans le détail de ce coffret (sauf si Esoteric Recordings veut bien nous l’envoyer, mais ce serait étonnant) mais nous pencher ici sur un album de 1991 que le label anglais édite également. Il s’agit de « Luminous », un disque sorti à l’origine en 1991 et qui reprenait des démos élaborées en 1989.
Bill Nelson a travaillé entièrement seul sur ce projet et, devant l’absence de label prêt à le commercialiser, il l’a sorti sur son propre label. « Luminous » contient une quinzaine de chansons que l’on pourrait qualifier de pop onirique expérimentale. Les propos ne sont pas nerveux pour deux sous, élaborant des atmosphères cool, un peu dansantes et marquées par des sonorités typiquement eighties, environnées de boîtes à rythmes et de synthétiseurs. La voix de Bill Nelson résonne souvent comme celle du David Bowie de l’époque « Let’s dance » (« Is this alchemy? », « Language of the birds », « All I am is you », « Two hearts beating »). On peut aussi y distinguer du Roxy Music époque « Avalon » (« She’s got me floating », « Her true and perfect serpent »).
Étant donné que « Luminous » est composé à l’origine d’esquisses, il contient peu de morceaux élaborés en profondeur, mais l’instrumentation des chansons reste néanmoins riche. Cependant, on ne peut pas vraiment dire que cette œuvre a franchi impeccablement le test du temps. « Luminous » reste lourdement ancré dans des ambiances un peu surannées, celles qui avaient fait des années 80 une décennie électronique et synthétique basée sur de la technique aujourd’hui dépassée. Quel batteur oserait s’acheter aujourd’hui une batterie électronique ? À réserver aux nostalgiques des eighties et ceux qui apprécient – à juste titre – la musique de Bill Nelson.
Pays: GB
Esoteric Recordings COCD 1003
Sortie: 2012/02/20 (réédition, original 1991)