OMNIA OPERA – Omnia Opera / Red shift
C’est à une belle (re)découverte que nous invite ici le label Esoteric Recordings qui réédite les deux plus importants albums d’Omnia Opera. Ceux qui ne connaissent pas ce groupe anglais n’ont pas de honte à avoir, Omnia Opera ayant plutôt déroulé sa carrière dans une certaine confidentialité. Mais la honte serait plutôt de ne pas prêter attention à ce double CD qui incorpore d’une part l’album « Omnia Opera » de 1993 et « Red shift » de 1997. Ces deux albums sortis à l’époque sur le label Delerium (responsable des premières œuvres de Porcupine Tree) étaient devenus introuvables suite à la faillite de cette compagnie en 2002.
Un peu d’histoire, afin de comprendre tout cela d’un peu plus près. Omnia Opera trouve ses racines en 1985 dans la riante cité de Kidderminster à proximité de Birmingham, avec la fusion de deux groupes psychédéliques locaux : The Genetics Of Destiny (avec Ade Sholefield, claviers, et Rob Lloyd, guitare) et OM (avec Andy Jones, basse). L’arrivée de Mike Tongue à la batterie complète la formation. Deux jeunes filles choisies pour la première photo de promotion (Lisa Moriarty et Natalie Jones) finissent par devenir choristes permanentes d’Omnia Opera.
Le groupe confectionne sa première cassette « Beyond the tenth » fin 1986, jouant une musique héritée de combos psychédéliques et space-rock comme Amon Düül II ou Hawkwind (la grosse influence d’Omnia Opera), en y ajoutant une dose de punk rock. Il rejoint alors la nouvelle scène space-rock anglaise illustrée par des groupes comme The Ullulators, The Ooroonies, Tryptych et menée par les mythiques Ozric Tentacles. Avec sa deuxième cassette « Celebrate for change » de 1987, Omnia Opera renforce son noyau de fans autour de Birmingham, où il se produit régulièrement. Le départ de Mike Tongue oblige Rob Lloyd à passer derrière les fûts, le nouveau guitariste s’appelant Steve Smith. Au moment où Neil Spragg rejoint Omnia Opera en 1988, le groupe est à la veille de son premier split, qui intervient l’année suivante. Une troisième cassette était en chantier mais elle ne verra pas le jour. Par contre, les deux premières ont attiré l’attention de Richard Allen, patron du légendaire label Delerium Records. Celui-ci met enfin la main sur les membres d’Omnia Opera et les convainc de se reformer en 1992, avec un contrat sur son label à l’appui.
C’est ainsi que sort l’album éponyme en 1993. « Omnia Opera » est époustouflant de virtuosité et d’attaques incessantes d’un space-rock puissant, urgent, rempli à ras bord d’électricité cosmique. Les neufs morceaux tombent au pas de charge sur nos oreilles, laissant à peine à l’auditeur de quoi reprendre son souffle. Avec cet album, pas de répit, pas le temps de finir une vaisselle ou de cirer une paire de pompes entre deux morceaux, car la tension et l’énergie du disque enchâssent l’auditeur dans une guerre des étoiles permanente et une course échevelée vers les galaxies avec en toile de fond des mélodies qui rappellent fortement Hawkwind et Ozric Tentacles. Pour résumer, « Omnia Opera » est une véritable baffe, livrant pour le même prix ondes cosmiques imprenables (« The awakening »), heavy metal spatial (« Floating setee ») ou séjour dans le moteur d’une fusée en plein décollage (« The awakened »).
La folle cavalcade qui avait caractérisé « Omnia Opera » en 1993 laisse place à un album plus varié et plus expérimental en 1997, « Red shift », qui sort également sur Delerium Records. Sur cet album, Omnia Opera nous permet de recharger les batteries entre deux courses électriques. Les climats sont beaucoup plus diversifiés et le groupe n’hésite pas à partir dans de longues élaborations space-rock et électro ambient (« Annihilation », « Timelines », « Waiting ») et même obliquer vers la techno (« Braindance », « Raindance »), tout en ne perdant pas de vue la violence des guitares et des synthés (« Fly and burn »). « Red shift » établit Omnia Opera parmi les jalons solides du space-rock anglais, mais le groupe se sépare peu après sa sortie.
Omnia Opera ne se reforme qu’en 2006 autour de trois anciens membres : Rob Lloyd, Andy Jones et Neil Spragg. Le groupe sort son nouvel album en 2011, sous le nom de « Nothing is ordinary ». La réputation de ce troisième disque est flatteuse et on peut donc se laisser aller sans crainte à l’écoute de cet excellent groupe, dont les deux albums « Omnia Opera » et « Red Shift » constituent un formidable exemple de ce qu’était le space-rock anglais dans les années 90.
Pays: GB
Esoteric Recordings DECLEC 2001
Sortie: 2012/02/23 (réédition, original 1993 & 1997)