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AKKERMAN, Jan – Talent for sale

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Jan Akkerman est sans doute avec Golden Earring l’une des chevilles ouvrières les plus importantes du rock classique néerlandais. Quand on évoque Jan Akkerman, on pense tout de suite au guitar-hero et son groupe Focus, qui commit de belles galettes progressives et athlétiques dans les années 70. Qui ne se souvient pas du fameux titre « Hocus pocus » et de ses cascades de solos de guitare ravageurs ? Jan Akkerman a aussi joué dans un groupe du nom de Brainbox au début des années 70. Cela, on le sait moins, mais il y a quand même des personnes sur cette terre qui sont au courant. Ce qui est plus mystérieux, plus lointain dans la mémoire collective, ce sont les débuts de Jan Akkerman. Et ici, une réédition de son premier album solo par le label Esoteric Recordings est une belle occasion de faire le point sur les premières années d’un petit prodige de la guitare.

Jan Akkerman est né à Amsterdam la veille de Noël 1946. Son père est guitariste et à l’âge de cinq ans, le petit Jan a donc entre les mains sa première six-cordes. La vocation est précoce et Jan Akkerman se retrouve rapidement dans des groupes d’écoliers qui copient leurs idoles les Shadows au début des années 60. Le premier groupe de Jan s’appelle le Friendship Sextet, puis vient The Shaking Hearts et Johnny & The Cellar Rockers. C’est avec cette dernière formation que Jan Akkerman enregistre son premier 45 tours, « Exodus/Melody in F rock » en 1961. Suivent une demi-douzaine d’autres singles attribués à ce groupe jusqu’en 1965, avant que celui-ci n’évolue en Johnny & The Hunters, puis The Hunters (encore une demi-douzaine de singles entre 1965 et 1968). Les Hunters comprennent donc Jan Akkerman (guitare) mais aussi Sidney Wachtel (batterie) et Ron Bijtelaar (basse).

Ce sont ces trois musiciens qui enregistrent « Talent for sale » en 1968, un album attribué à Jan Akkerman, qui signe ainsi son premier album solo à l’âge de 21 ans. Ce sont les nombreuses sessions studio de Jan Akkerman aux studios Intertone, appartenant à la compagnie néerlandaise Bovema, elle-même filiale d’EMI, qui ont attiré l’oreille de Tim Griek, producteur maison qui tient absolument à enregistrer un album avec Akkerman. C’est ainsi que naît ce premier album, avec seulement deux compositions originales et neuf reprises, principalement en provenance de Booker T. & The MG’s et de Ray Charles. Il ne faut pas s’étonner de ne trouver ici que des versions instrumentales, le travail étant axé autour de la guitare de Jan Akkerman, qui a déjà des doigts de fée sur un manche.

Rhythm ‘n’ blues, jazz et rock composent le menu principal de ce disque, qui voit Jan Akkerman reprendre des standards comme « What’d I say » ou « Green onions ». On remarque aussi le « Mercy, mercy, mercy » de Joe Zawinul (fondateur du groupe Weather Report et ancien pensionnaire de Miles Davis) et le « On the green light » de Steve Winwood. « Revival of the cat » et « Moonbeam », les deux titres écrits par Jan Akkerman, révèlent ce que faisaient les Hunters à la fin des années 60. On note immédiatement le phrasé rapide et précis de Jan Akkerman, ainsi que ses ondulations hispanisantes (qu’il mettra pleinement en exergue sur son album « Aranjuez » en 1978). Le bon côté des choses sur ce premier album est incontestablement l’aisance de Jan Akkerman à la guitare, capable de briller sur toutes sortes de registres ; le côté un peu moins enthousiasmant, ce sont précisément ces registres trop variés pour un seul album, ce qui laisse un peu une impression d’incohérence et de dispersion. Ce qui est toujours un peu délicat avec un album entièrement instrumental, c’est qu’on a parfois l’impression de perdre un peu de l’âme du disque au profit de la technicité trop mise en avant. Pour preuve cette version de « What’d I say » de Ray Charles, qui semble nue quand on se souvient de l’importance capitale de la voix sur la version originale. Mais la production pointue et l’habileté des musiciens font néanmoins passer un bon moment à l’auditeur.

Ce premier disque de Jan Akkerman venait ainsi mettre sur le marché un musicien plus que prometteur qui n’allait pas tarder à se faire une réputation irréfutable avec sa longue carrière solo et les albums de Focus. Aujourd’hui encore, Jan Akkerman est toujours actif dans la musique, sortant régulièrement des albums, jouant sur scène et expérimentant toujours de nouvelles voies musicales.

Pays: NL
Esoteric Recordings ECLEC 2309
Sortie: 2012/01/30 (réédition, original 1968)

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