LAST WITNESS – Mourning after
On pensait la Grande-Bretagne abandonnée à la britpop, sans espoir de retour vers de saines bases punk ou hardcore mais c’était compter sans Last Witness, une formation de furieux mise en place en 2006, dissoute en 2008 mais reconstituée en 2010 pour le plus grand plaisir des fabricants de prothèses auditives.
Tout commence dans la paisible cité de Croydon, à quelques jets de grenades de Londres. Theo Kindynis (chant), Anthony Sykes (guitare) et Bobby Daniels (guitare aussi) tuent le temps en assénant des riffs hardcore en hommage à leurs idoles Black Flag, Agnostic Front, Knuckledust ou Slipknot. Ayant mis Last Witness sur les rails avec une section rythmique en état de marche, ils se lancent dans un marathon infini de concerts partout où on veut bien d’eux. Le résultat est qu’après deux ans, le groupe termine sur les rotules avec un album inachevé dans ses cartables.
Qu’à cela ne tienne, les hommes de Last Witness se séparent momentanément mais ne s’avouent pas vaincus. Ils publient leur premier album « An unfinished life » gratuitement sur le Net et récoltent tellement de succès de la part d’un noyau de fans grandissant qu’ils décident de reformer Last Witness dans le modeste et simple but de mettre la population terrestre à genoux devant la violence de leurs riffs.
Une première sommation est donnée avec le EP « Give up » qui s’abat sur le monde en 2010. Comme le monde civilisé refuse de se rendre, Last Witness décoche l’arme fatale avec son nouvel album « The mourning after » chargé de huit munitions nucléaires qui vont faire très mal. L’album sort le 20 février, au moment où Last Witness a déjà mis sa menace à exécution en ouvrant pour la tournée anglaise de The Devil Wears Prada qui se déroulait en février. Un concert gratuit de lancement officiel de l’album s’est aussi tenu le 16 février à Londres, avec des groupes comme Prowler, Landscapes ou Breaking Point comme invités. À l’heure où nous publions ces lignes, on ignore encore si le quartier londonien où s’est déroulé le concert est encore debout.
En effet, ce nouvel album de Last Witness est une bombe à neutrons en modèle réduit. Le ravage démarre avec « The void » et se termine sur « Marionette », avec entre les deux une coulée continue de titres tous plus furieux les uns que les autres, avec des empilements herculéens de guitares, des riffs tranchants comme des haches de bourreaux turco-mongols et un chant arraché aux cordes vocales puis déformé par la rage. Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout cela est diaboliquement efficace et ne laisse pas un moment de répit à l’auditeur. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, mais le soleil tape dur avec Last Witness. C’est comme la Seconde Guerre mondiale : le concept avait déjà été inventé, mais c’est la mise en forme qui a fait la différence.
Pays: GB
Holy Roar HRR089CD
Sortie: 2012/02/20