HAWKWIND – It is the business of the future to be dangerous
Au milieu des années 90, les pionniers du space-rock que sont Hawkwind font dériver leur musique vers quelque chose de plus ambiant. Cette tendance qui avait pu être décelée sur des albums comme « Space bandits » (1990) ou « Electric Tepee » (1992) devient manifeste avec le double « It is the business of the future to be dangerous ». Cet album est aussi le disque qui inaugure une formule musicale en trio, avec bien sûr toujours le grand patron Dave Brock (guitare, synthétiseurs et chant), Alan Davey (basse et synthétiseurs) et Richard Chadwick (batterie et percussions).
Dave Brock aborde ce nouvel album sous un angle politique, intitulant de nombreuses chansons avec ni plus ni moins que des slogans : « It is the business of the future to be dangerous » (une formule attribuée au mathématicien et philosophe Alfred Whitehead et qui figurait déjà en sous-titre sur l’album live « Space ritual » de 1973), « Space is their (Palestine) » (une chanson qui a même servi à collecter des fonds pour aider la Palestine), « Tibet is not China » (essayez de diffuser ce morceau à Pékin et vous verrez ce qui vous arrivera) ou « The camera that could lie » (qui traite des caméras de surveillance qui pullulent en Grande-Bretagne, façon Big Brother). Paradoxalement, nombre de ces morceaux sont instrumentaux et ne portent pas de message parlé ou chanté. Il faudra attendre la septième chanson « Letting in the past » pour que les langues se libèrent.
La première partie de « It is the business of the future to be dangerous » est donc résolument instrumentale et ambiante. Le titre éponyme qui démarre le disque est très atmosphérique, avec un rythme soutenu caressé par de vaporeuses nappes de synthétiseurs. C’est ce style très planant et ambiant qui prédomine sur « Space is their (Palestine) », les deux parties de « Tibet is not China » ou « Let barking dogs lie ». C’est avec « Letting in the past » (une chanson qui se réfère directement à « Looking in the future », un titre sorti sur l’album « Church of Hawkwind » en 1982) qu’Hawkwind aborde la partie chantée. Les morceaux deviennent plus courts par rapport aux dizaines de minutes dépensées dans les premiers morceaux ambiants. Curieusement, Hawkwind nous livre aussi sa propre interprétation du « Gimmie shelter » des Rolling Stones. Le groupe en a même enregistré deux versions : la première sort en single et voit la pulpeuse Samantha Fox participer au chant. La seconde est sur l’album et est une version sans Samantha Fox mais chantée par le batteur Richard Chadwick.
La version avec Samantha Fox figure en bonus sur le premier CD de la réédition qui sort chez Atomhenge, filiale d’Esoteric Recordings qui traite exclusivement de l’exploration de l’œuvre d’Hawkwind. Cette réédition a le grand mérite de proposer un second CD truffé de bonus et de raretés. On trouve ainsi une quadruple version de « Spirit of the age » (qui date de l’album « Quark, strangeness and charm » de 1977) en format radio edit, full vocal mix, cyber transe mix ou ambient mix (remixées par le groupe techno Astralasia, les amateurs apprécieront). Ces titres figuraient sur le EP « Solstice remixes » paru en 1993. On trouve aussi les quatre morceaux du EP « Decide your future », paru la même année : « Right to decide », « The camera that would not die » (en mix digital), « Right to decide » en mix radio retravaillé par les Alien Prophets et « Assassin » dans une version également remixée par Astralasia.
L’album « It is the business of the future to be dangerous » avait reçu un accueil mitigé de la part des fans d’Hawkwind à l’époque, mais le temps a joué en sa faveur et on peut considérer ce disque comme une valeur sûre de la discographie hawkwindienne. Les nombreux bonus qui enrichissent la nouvelle édition Atomhenge ne devraient pas laisser indifférents les fans de ce grand groupe anglais.
Pays: GB
Atomhenge ATOMCD 21032
Sortie: 2012/01/30 (réédition, original 1993)