LIMOUSINE – II
Limousine est un trio parisien composé de musiciens venus de Bretagne et de Nîmes. Maxime Delpierre (guitare) arrive à Paris en 1993 pour y suivre des cours de musique. Il y rencontre Laurent Bardainne en 1998, ainsi que David Aknin. Laurent Bardainne a une solide formation musicale acquise au conservatoire de Paris, où il se spécialise dans le saxophone et explore les arcanes du jazz. Il enseigne depuis le saxophone dans différents instituts musicaux parisiens. Son expérience musicale lui a fait côtoyer de nombreux artistes, dont l’Ensemble Inter Contemporain, Broken Social Scene ou Jane Birkin. Quant à David Aknin, il est batteur, percussionniste, vibraphoniste, pianiste, compositeur et a fréquenté de nombreuses formations jazz.
Ces trois garçons forment Limousine et sortent un premier album éponyme en 2006. Ce n’est que cinq ans plus tard qu’ils éditent une suite sous le nom de « Limousine II ». Le disque est enregistré aux studios Pigalle de Paris et reçoit l’apport de Frédéric Boulard aux claviers. Si l’on doit véritablement analyser le contenu de cet album, on retiendra le précepte que ce n’est pas parce qu’on a un bagage musical impressionnant de technique que l’on est capable de réaliser une musique émouvante ou animée d’une forte personnalité. Je ne sais pas ce que les hommes de Limousine ont essayé de faire sur cet album, mais le fait est qu’ils aboutissent à une longue litanie de morceaux instrumentaux doux et lents, rigoureusement construits du point de vue du solfège mais totalement dépourvus d’âme, de sensibilité, de passion.
Je ne sais pas si je suis dans un bon état d’esprit pour réellement apprécier la musique de « Limousine II ». Il faudrait peut-être en confier l’écoute à quelqu’un qui vient de se faire larguer par sa femme ou son mari, ou à qui le fisc vient d’envoyer trois ans d’arriérés d’impôts impayés à la face. Peut-être faut-il être dans un état de désespoir ultime pour réellement sentir l’émotion molle, la passion amorphe, la colère centriste qui vient caresser douillettement de ses griffes soigneusement coupées à ras les constructions mélodiques réglées comme de l’horlogerie suisse et viscéralement introverties. Cet album ferait un malheur dans les monastères finlandais et serait capable de révolutionner ce qui se fait en termes de musique d’ascenseur. Une chose est sûre : après avoir écouté cet album, je trouve que la sonnerie de mon téléphone portable est redoutable d’audace et d’énergie. À côté de Limousine, ces grands amuseurs publics que sont Sigur Ros ou Bjork font office de groupes de death metal décadents.
Si vous êtes plus romantiques que moi, vous aurez peut-être une chance d’apprécier ce disque. Mais quand même, avant de frotter votre dépression aux notes neurasthéniques et impersonnelles de Limousine, essayez d’autres groupes diaphanes, plaintifs et autrement plus évocateurs, comme Spiritualized ou les Flower Kings, par exemple. Limousine récupère une demi-étoile de plus dans sa note grâce au dernier titre de son disque qui a multiplié par quatre la vitesse du tempo et fait intervenir davantage de guitare. Si seulement un chanteur avait pu mettre plus d’impulsion dans cet ensemble musical plein de bonne volonté mal communiquée et de technique solide mais mal adaptée !
Pays: FR
Ekler’o’shock Records
Sortie: 2012/01/16