SUZANNE’SILVER – Deadband
Mine de rien, le fait de chroniquer des albums permet non seulement de les recevoir en primeur à domicile, mais également de réaliser certaines choses que l’on n’aurait jamais soupçonnées. Le meilleur exemple concerne la multitude de groupes de rock actifs dans la péninsule italienne. Au fil des ans, on vous a ainsi déjà vanté les mérites de Hot Gossip, Captain Mantell ou The Jumpin’ Quails pour n’en citer qu’une poignée. Chacun a sa petite particularité, mais la ligne de conduite générale tend à démontrer que la botte ne produit pas uniquement des artistes gominés qui chantent l’amour sous toutes ses formes. Surtout que Suzanne’Silver a vu le jour en Sicile, dans les environs de Syracuse, en 1998. Il faudra toutefois patienter près de dix ans avant de les voir sortir un premier véritable album, « The Crying Mary », qui va permettre au nerveux quatuor de s’exporter jusqu’aux States.
Après un live acoustique sorti en édition ultra limitée (on parle de cent cassettes numérotées) au printemps 2011, voici qu’arrive « Deadband », un deuxième album qui risque d’en décontenancer plus d’un. En effet, la durée anormalement courte de la plaque (à peine un peu moins de 23 minutes) couplée à un condensé d’influences souvent aux antipodes les unes des autres ne favorise pas une digestion rapide des huit compositions présentées même si, en filigrane, c’est la scène de Seattle au début des années 90 qui reste l’inspiration de base.
Cela dit, Suzanne’Silver a eu l’idée mais surtout l’audace d’y greffer avec une certaine dose d’intelligence des courants plutôt inhabituels. Entre post rock bluesy au final psyché (« Green Ocean Breezer ») et math rock plaintif (« Lady Carpenter » qui ressemble à du Soundgarden déprimé), ils balancent des mesures presque jazzy (« Y », « Barabolero II (My Right Shoulder Skin) ») qui, bien que surprenantes, finissent par prendre un sens. Cela dit, s’il fallait retenir un seul terme, ce serait le mot expérimental qui sortirait du lot. Prenez pour preuve le final de la plaque (« La Santa ») ou le curieux « Wave A Surfer Waits » qui indique à quoi ressemblerait une collaboration entre les Strokes et Tom Waits. Même si les puristes risquent de tourner le dos à quelque chose de sans doute trop pointu pour leurs cheveux longs et gras, « Deadband » a au moins le mérite d’oser quelque chose de différent…
Pays: IT
Radio Is Down
Sortie: 2012/02/06