ISLET – Illuminated people

Le groupe de Monsieur-Tout-Le-Monde, de nos jours, c’est un groupe qui enregistre ses morceaux sur ordinateur, les diffuse via Myspace, filme des vidéos sur YouTube et espère trouver un label plus ou moins gros qui diffusera ses chansons dématérialisées via iTunes ou autre. Avec Islet, on est loin de ce genre de modèle stéréotypé et déjà banal. Ce groupe de Cardiff dans le pays de Galles enregistre ses morceaux à l’ancienne, confectionne ses propres pochettes et vend ses disques via le label personnel du leader Mark Thomas. Islet, c’est l’autarcie complète, l’autogestion assumée et un retour à des valeurs anciennes : l’indépendance authentique.

Le premier album du groupe est même édité en vinyle à 500 exemplaires, tout comme les deux premiers EP d’Islet, « Celebrate this place » et « Wimmy », sortis en 2010. Les Gallois ont également sorti une bizarrerie du nom de « This fortune », un collage sonore disponible en vinyle 12 pouces et téléchargement, le vinyle n’étant vendu qu’aux concerts.

Les concerts, justement. Islet en a près d’une centaine à son actif depuis juin 2009, date à laquelle il a commencé à s’aventurer sur scène, selon la tactique typique du colimaçon : la région natale de Cardiff d’abord, puis l’Angleterre, le Royaume-Uni, l’Europe (Pays-Bas et Anvers au Crossing Borders Festival le 20 novembre dernier) et enfin le monde (Tokyo, le 28 janvier dernier). La machine Islet s’étend peu à peu et le Japon est demandeur, pourquoi ? Tout simplement parce qu’Islet développe un rock fortement teinté d’électronique et inextricablement lié à une vision minimaliste du psychédélisme, bref de quoi attirer la curiosité des Nippons toujours à l’affût de délires musicaux inclassables.

Le premier album d’Islet égrène des titres chargés de séquences courtes, changeantes, sous-tendues par une guitare tantôt énergique, tantôt poétique, ponctués de voix angéliques, presque atonales, rongées par une langueur astrale. « Illuminated people » dévoile toute sa grâce dans des écoutes multiples qui révèlent à chaque fois un nouveau pan de grandeur. On reste dans des structures néo-psychédéliques, mais le tout a une formidable tendance à faire passer Mercury Rev ou les Flaming Lips pour de la musique militaire bavaroise. Entre douceur baignant dans une flaque électronique névrotique (« Libra man »), escalades tantriques martelées d’électricité aérienne (« Entwined pines »), minimalisme rural neurasthénique (« We bow ») ou lourdes marches dans des marais lysergiques malsains (« Filia »), Islet nous promène dans un univers décalé, souffreteux et rêveur. Certains passages sont une version moderne et réinventée de morceaux de Jefferson Airplane (« Shores »). Il y a du génie là-dessous, je vous le dis.

Pays: GB
Shape 020
Sortie: 2012/01/23