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PICORE – Assyrian Vertigo

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Les Lyonnais de Picore signent ici leur troisième album, qui fait suite à « Discopunkture » (2003) et « L’hélium du peuple«  (2006). Trois albums en neuf ans, on peut dire que ces garçons prennent leur temps. Un EP du nom de « JFX sessions : figure one » est venu faire patienter les fans en 2010, en attendant la sortie de cet « Assyrian vertigo » sorti en France en octobre dernier et qui franchira les frontières belges en février 2012.

Pour ceux qui ne connaissent pas ce groupe, présentons-le brièvement : c’est de l’électro-noise hip-hop lourdement chargé en électricité et en nappes ambiantes angoissées. Ce que les spécialistes appellent de l’abstract hip-hop. Amateurs de hard FM mélodique et de rock progressif finement ciselé, ceci n’est pas pour vous. Picore s’adresse aux aventuriers, aux dérangés, aux mathématiciens névrosés ou aux spationautes frustrés. Le groupe a laissé du temps au temps pour réaliser son nouvel album puisqu’il y a passé près de trois ans, élaborant un concept-album basé sur la Mésopotamie antique. C’est ainsi que s’invitent dans votre salon les dieux perdus de Babylone, avec des titres évocateurs : « Ziggurat », « Sable », « Sardanapal I », « Gilgamesh », « Nynias », « Sardanapal II ».

Mais là où n’importe quel groupe de métal épique nous aurait sorti un indigeste banquet heroic fantasy dégoulinant de solos interminables et de fierté déplacée de matamore, les gens de Picore prennent totalement le contre-pied du thème assyrien en égrenant des thèmes rachitiques où viennent s’enrouler des coulées d’effets électro rageurs et sur lesquelles surnagent de temps à autre un chant parlé récitant de laconiques poèmes inquiétants et baudelairiens.

Les six hommes de Picore établissent dans cet album un univers profondément dérangeant et beau, vissant nos cerveaux dans une chape de bruit nerveux, parfois contrebalancé par de sinueux passages ambiants. On atteint des sommets dans cette veine avec des titres comme « Aubade », « Fiasco », « Ellipsis » ou « Vertigo », promenades mortifiées et ballades maladives.

L’album a été enregistré à Lyon mais mixé à New York par Alap Momin, légendaire producteur du combo hip-hop Dälek. On sent cette patte sur l’excellent « Gilgamesh », sans doute le meilleur titre de l’album. Avec une mastérisation signée Alan Douches (Converge, Sufjan Stevens, Animal Collective), on trouve la touche puissante qui rend cet album captivant (« Nynias »). Il est clair que Picore ne frôlera jamais le Top 50 et qu’on ne le verra jamais à la télé chez Drucker, et c’est ça qui est bien.

Pays: FR
Jarring Effects
Sortie: 2012/02/06

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