CD/DVDChroniques

ARNOLD, Billy Boy WITH T.S. McPHEE & THE GROUNDHOGS – Blue and lonesome

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Né à Chicago en 1935, Billy Boy Arnold a treize ans lorsqu’il bénéficie de cours d’harmonica donnés par son voisin de palier, le légendaire Sonny Boy Williamson, premier du nom (à ne pas confondre avec Sonny Boy Williamson II, alias Rice Miller, tout aussi légendaire). Le génial Williamson aura peu de temps pour communiquer sa science de l’harmonica à Billy Boy Arnold, puisqu’il est tué le 1er juin 1948 par une balle perdue tirée par des braqueurs de banque au cours d’un échange de tirs avec la police.

Cependant, Billy Boy Arnold en sait assez sur l’harmonica pour devenir un des plus grands harmonicistes de la scène blues de Chicago. Il commence sa carrière discographique en 1965 mais n’aura pas l’occasion de réaliser des pléthores de disques, se contentant d’une dizaine d’albums en près de 45 ans. C’est dès les années 50 que Billy Boy Arnold se forge une réputation solide, en travaillant avec Bo Diddley avec qui il enregistre le fameux « I’m a man ». Arnold passe encore à la vitesse supérieure en décrochant un contrat avec le label Vee-Jay et en écrivant deux des chansons les plus emblématiques du blues de Chicago : « I wish you would » et « Ain’t got you ». Ces titres vont avoir une énorme influence sur le British Blues Boom des années 60 puisqu’ils sont repris par les Yardbirds et « I wish you would » sera repris plus tard par David Bowie sur son album « Pin-ups » en 1973.

En 1977, Billy Boy Arnold réalise ce qu’avaient déjà fait ses prédécesseurs américains plus d’une décennie auparavant : il débarque en Grande-Bretagne pour jouer avec des musiciens anglais. Mais ce qui avait fait sensation dans les années 60 est désormais plutôt discret dans les années 70, époque du punk et de l’oubli quasi-complet du blues anglais après quelques années florissantes. Mais Billy Boy Arnold n’en a cure. Il a deux occasions en or. Premièrement, participer à une session BBC organisée par le célèbre DJ John Peel. Deuxièmement, jouer en compagnie des Groundhogs, bluesmen anglais cultes menés par le non moins culte guitariste Tony McPhee.

Les Groundhogs sont des puristes du blues anglais au début des années 60. Ils ont été adoubés par l’immense John Lee Hooker en 1964 lors d’une fameuse session d’enregistrements ayant donné lieu à un album qui fait maintenant figure de Graal chez les amateurs de British blues. Leur leader Tony McPhee, voix rocailleuse, calvitie naissante et jeu de guitare redoutable, est un moine-soldat en matière de blues, vouant une dévotion sans bornes pour le jeu de John Lee Hooker. La vraie carrière discographique des Groundhogs démarre en 1968-69, avec deux premiers disques de blues rock qui ne tardent pas à dériver vers le psychédélisme le plus fascinant. Au début des années 70, les Groundhogs sont devenus un groupe de hard blues psychédélique illuminé de solos de guitares saisissants et incisifs signés Tony McPhee. Les albums « Thank Christ for the bomb » (1970) et « Split » (1971) sont obligatoires dans toutes les bonnes discothèques. Jamais au sommet des hit-parades et peu connus du grand public, les Groundhogs déclinent au milieu des années 70 et se séparent en 1976.

Mais il semble qu’en 1977, Tony McPhee ait remonté une équipe éphémère des Groundhogs dans le but de jouer cette session BBC avec Billy Boy Arnold. Le choc des titans a lieu en octobre 1977, lorsque le jeu volatile et puissant de l’harmonica d’Arnold croise le fer avec la guitare virile de McPhee. Il en résulte une quinzaine de titres gérés à coups de flingues, droits dans leurs bottes et serrés comme des cafés italiens coupés au plutonium. Une bonne moitié de ces morceaux sont signés Arnold, dont bien sûr « I wish you would », joué ici tout en rapidité et nervosité mécanique. « I ain’t got you » est aussi dans le coup mais est intitulé curieusement « Eldorado Cadillac » sur cette nouvelle version.

Ces titres ont en effet connu des diffusions diverses au cours du temps. Le label Blues Boulevard donne ici sa réédition, sympathique avec un son correct et l’occasion d’écouter d’excellentes tranches de blues jouées par deux des meilleurs bluesmen de l’époque. Il y a juste des petites bizarreries à la fin de certains morceaux, des raccords avec les morceaux suivants étant subitement coupés pour laisser place à un nouveau titre. Cela aurait pu être facilement évité.

Pays: US
Blues Boulevard 250288
Sortie: 2012/02/27 (réédition, original 1977)

Laisser un commentaire

Music In Belgium