KITZMÜLLER, Werner – Evasion
Werner Kitzmüller est un chanteur multi-instrumentiste originaire de basse Autriche. Jugez plutôt, sur « Evasion », son premier album, il chante et joue de la guitare, du piano, du violon (en pizzicato), du glockenspiel, et de toute série d’ »instruments » tels que : tuyaux en plastique, sacs en papier, cintres… et bien d’autres ! Sur plusieurs titres, il est tout de même accompagné par Meaghan Burke et Mathias Frey (Sweet) respectivement au chant et violoncelle, et au violon ; et de David Schweighart (Tupolev) au piano et à la guitare.
« Motte », le morceau d’ouverture démarre fort, rythmes répétitifs, fond de synthé sur lequel vient se greffer une phrase musicale jouée sur une sorte de Bontempi (qualifiée par l’artiste de « broken piano toy »), et on se prend à penser « aïe, voici un album d’un homme-orchestre, plein d’artifices sonores, un projet ambitieux visant à nous en jeter plein les oreilles ». Et bien détrompons-nous, malgré les plaisanteries sonores (amusantes) que l’ami Werner nous offre tout au long du disque, la sobriété est de mise.
On ne s’en plaindra pas d’ailleurs, car les accompagnements musicaux sans fioritures, arpèges lents de guitare, violon ou piano, quasi minimalistes permettent d’apprécier la voix particulière de baryton de Werner faisant penser tour à tour à Cat Stevens, Leonard Cohen, ou encore à Tom Waits. Le ton est donné avec « Meter » voix grave cohenoïde associant très bien l’allemand du texte, les arpèges et accords de guitare, bruitages discrets mais habillant très bien l’ensemble.
Plus léger, « Good » est chanté plus aigu, voix tremblante proche de Yusuf, très beaux arpèges de piano, délicat contraste avec la plage précédente. Petite valse ensuite et superbe duo vocal avec Meaghan, petit côté mélancolique dû au violoncelle, un régal que ce « Stalker » ! Autre sommet du disque : « Purple », guitare minimale en trois temps, touches de piano et de violon en habillage, bruits de sabots de chevaux (discrets), chant en avant, vous vous trouvez transportés à Vienne en plein hiver, une ambiance digne de Miss Kate Bush !
On est Viennois ou on ne l’est pas ! La valse plaît visiblement à Werner, il nous en offre une seconde avec « One Step ». Le baryton reprend ensuite le dessus sur « Remission », violoncelle grave proche de celui du grand John Cale dans les meilleurs moments du Velvet Underground. Le plat est presque prêt à servir, assaisonnons-le un peu de sel, « Salz » clôture l’œuvre en douceur, donnant juste l’envie d’en reprendre un petit peu.
Voici donc un album très intéressant, n’accrochant pas d’emblée l’oreille, mais vraiment beau, à y écouter de près. Je vous conseille vivement de l’écouter au casque, il est rempli de finesses de petites touches très joliment assemblées. À recommander à tous les amateurs de musique folk, de chansons d’auteur, un beau disque, simplement !
Pays: AT
VALEOT 012
Sortie: 2012/01/13